Platier,
24 juin.
Le vote des Britanniques après une campagne
qui n’a pas fait honneur à la démocratie est un échec majeur pour tous ceux qui
considèrent la construction européenne comme le projet géopolitique le plus significatif
après l’ère sinistre des guerres mondiales. Chacun devrait s’interroger sur sa
part de responsabilité. La principale est celle de gouvernements qui n’ont pas
pris la mesure des souffrances infligées aux catégories populaires par une
mondialisation non régulée. Aussitôt après doit être dénoncé le défaut d’explication,
le refus d’écrire un récit européen, le défaitisme dans la bataille des idées,
une sorte de matérialisme se voulant pragmatique mais incapable de répondre aux
aspirations de la jeunesse. On a laissé sans réagir s’imposer l’idée suivant
laquelle l’UE souffrirait d’un déficit démocratique sans expliquer que plus de
démocratie, c’est-à-dire plus de décisions à la majorité, signifierait moins de
souveraineté.
Que
faire maintenant ? On aimerait se persuader, avec Michel Rocard, que le
départ des Anglais élimine le frein qui entrave l’Europe depuis près d’un
demi-siècle et qu’une relance serait possible sur une base éventuellement plus
restreinte. Outre le fait que toute l’énergie des gouvernements sera dédiée à
la difficile négociation de retrait d’un Royaume désuni, on ne voit pas la France
se résigner à de vraies réformes ni l’Allemagne accepter un budget fédéral de
relance. On imagine enfin le désastre que serait un projet d’Europe politique
excluant les pays d’Europe centrale alors que leur démocratisation et leur
intégration étaient, jusqu’à une date récente, le plus grand succès politique
dont pouvait se prévaloir l’Europe.
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