Ci-dessous un résumé de mon exposé d'hier devant le club Europe d'ARRI.
L’Europe, en cet automne, va de crise en crise. Les
attentats du 13 novembre ont occulté momentanément la crise provoquée par un
afflux sans précédent de réfugiés principalement mais pas seulement syriens. La
solidarité européenne est mise à l’épreuve alors qu’elle est plus nécessaire
que jamais.
La solidarité européenne face aux
attentats
Pour la première fois, la France a fait appel à l’article
42 § 7 du traité de Lisbonne. La solidarité prévue en cas d’agression armée
s’est traduite notamment par un vote de la Chambre des Communes autorisant des
bombardements contre Daech en Syrie, bientôt suivi par un vote du Bundestag. La
tentative du président Hollande, avant toute concertation européenne, de
constituer une très large coalition s’est heurtée à la diversité des objectifs
de ses interlocuteurs. L’exclusive à l’égard du dictateur syrien a été
abandonnée face à Poutine. Mme Merkel a initié un contact avec le président
turc Erdogan qui ont conduit à des engagements inconsidérés envers la Turquie
dans l’espoir que, moyennant finances, elle
retiendrait les réfugiés sur son territoire
L’ambiance générale de crispation sur les souverainetés
nationales fait obstacle aux décisions qui devraient s’imposer. Faute d’une
agence commune, l’échange des renseignements demeurera lacunaire ; le
fichage des passagers aériens tarde à être mis en œuvre ; même renforcés,
les crédits de Frontex n’en feront pas le puissant corps de garde-frontières
qu’exigerait la sécurité européenne ; la création d’un Parquet européen
demeurera le rêve de quelques juristes éclairés. Pour qu’il en aille autrement,
il faudrait qu’un noyau d’Etats aient la volonté inébranlable d’aller de
l’avant, de mettre en place une politique migratoire, d’élaborer une doctrine
commune de sécurité, une stratégie de relations extérieures intégrant des
orientations dont les divergences ne devraient pas être insurmontables. Mme
Mogherini dont les talents sont sous-exploités, bien que leur qualité ait été
reconnue à propos de l’Iran, pourrait y contribuer.
Le Premier britannique a enfin précisé les concessions qui lui permettraient de recommander un vote favorable au maintien du Royaume dans l’UE lors du référendum qu’il a imprudemment promis aux eurosceptiques de son parti. Elles concernent les droits sociaux des migrants, un droit de veto des parlements nationaux, la garantie des intérêts des pays hors zone euro et l’abandon de l’objectif d’une « union sans cesse plus étroite ». La négociation sera difficile, notamment pour les droits sociaux, toute discrimination devant être évitée. Il faut espérer que les partenaires du Royaume-Uni limiteront à celui-ci l’abandon de l’objectif de l’union plus étroite et que la garantie des intérêts des pays hors zone euro aura la contrepartie qui s’impose : la renonciation par les représentants du R-U au droit de participer aux décisions concernant les politiques auxquelles ils ne participent pas et n’ont pas l’intention de participer ultérieurement.
La décision de procéder
dans des sites baptisés hot spots
situés à la frontière de l’Union au contrôle des migrants suppose que l’on
accueille ceux qui peuvent prétendre à l’asile et refoule ou renvoie les autres
dans leur pays d’origine. Ce seul objectif justifierait une attitude de très
grande fermeté à l’égard des dits pays. On ne peut enfin ignorer les drames
humains auxquels ce tri donne lieu tout comme l’érection de clôtures physiques
non accompagnées de lieux d’hébergement.
Réfugiés et migrants, un défi sans précédent
L’ampleur prise par l’afflux de réfugiés demandeurs d’asile débarquant désormais principalement sur les îles grecques de la mer Egée place l’UE face à un défi redoutable et sans précédent. Plus d’un million de malheureux, en majorité venant de Syrie, auront été accueillis principalement en Allemagne et en Suède. Après une phase d’accueil particulièrement généreux en Allemagne sous l’impulsion de Mme Merkel, la saturation est atteinte. La fermeture des frontières, si elle devait se prolonger, mettrait en danger un acquis essentiel de l’UE. Mme Merkel est contestée dans son propre parti. La décision prise à la majorité sur proposition de la Commission de répartir les migrants demandeurs d’asile entre les Etats suivant des critères objectifs soulève de vives oppositions se traduisant par des recours devant la Cour de Justice de la part de plusieurs pays d’Europe centrale, notamment de la nouvelle majorité d’extrême droite issue des récentes élections polonaises. Donald Tusk, bien qu’ancien leader polonais europhile et nommé à la présidence du Conseil européen avec l’appui de la Chancelière, vient de prendre ses distances.
Réfugiés et migrants, un défi sans précédent
L’ampleur prise par l’afflux de réfugiés demandeurs d’asile débarquant désormais principalement sur les îles grecques de la mer Egée place l’UE face à un défi redoutable et sans précédent. Plus d’un million de malheureux, en majorité venant de Syrie, auront été accueillis principalement en Allemagne et en Suède. Après une phase d’accueil particulièrement généreux en Allemagne sous l’impulsion de Mme Merkel, la saturation est atteinte. La fermeture des frontières, si elle devait se prolonger, mettrait en danger un acquis essentiel de l’UE. Mme Merkel est contestée dans son propre parti. La décision prise à la majorité sur proposition de la Commission de répartir les migrants demandeurs d’asile entre les Etats suivant des critères objectifs soulève de vives oppositions se traduisant par des recours devant la Cour de Justice de la part de plusieurs pays d’Europe centrale, notamment de la nouvelle majorité d’extrême droite issue des récentes élections polonaises. Donald Tusk, bien qu’ancien leader polonais europhile et nommé à la présidence du Conseil européen avec l’appui de la Chancelière, vient de prendre ses distances.
La France, après avoir tergiversé sur les
quotas, les a d’autant plus aisément acceptés que les migrants se détournent d’un
pays souffrant d’un niveau de chômage élevé. L’incapacité où se trouve la
France de retrouver un taux de croissance permettant d’obtenir la toujours
attendue inversion de la courbe du chômage contribue, avec le marasme
persistant de la Grèce, à faire peser une menace sur l’avenir de la zone euro.
Bien que les attentats du 13 novembre constituent la circonstance
exceptionnelle prévue par les traités, la déclaration du président Hollande
suivant laquelle le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité ne
contribuera pas à rétablir la confiance, pas plus que le succès de
l’Extrême-Droite aux élections régionales.
Les
perspectives sont inquiétantes. L’accentuation de la guerre en Syrie ne peut
qu’entretenir le flot de réfugiés dont on ne sait si la Turquie pourra ou
voudra le freiner. L’implantation de Daech sur le littoral libyen autour de
Syrte fait craindre la reprise au printemps d’un nouveau flot en direction de
l’Italie. L’accord annoncé entre les deux gouvernements de Tobrouk et de
Tripoli est une lueur d’espoir qui reste à confirmer.
Les exigences de Cameron
Les exigences de Cameron
Le Premier britannique a enfin précisé les concessions qui lui permettraient de recommander un vote favorable au maintien du Royaume dans l’UE lors du référendum qu’il a imprudemment promis aux eurosceptiques de son parti. Elles concernent les droits sociaux des migrants, un droit de veto des parlements nationaux, la garantie des intérêts des pays hors zone euro et l’abandon de l’objectif d’une « union sans cesse plus étroite ». La négociation sera difficile, notamment pour les droits sociaux, toute discrimination devant être évitée. Il faut espérer que les partenaires du Royaume-Uni limiteront à celui-ci l’abandon de l’objectif de l’union plus étroite et que la garantie des intérêts des pays hors zone euro aura la contrepartie qui s’impose : la renonciation par les représentants du R-U au droit de participer aux décisions concernant les politiques auxquelles ils ne participent pas et n’ont pas l’intention de participer ultérieurement.
L’europhobie
britannique n’est pas sans écho sur le continent ainsi que vient de le montrer
un référendum négatif au Danemark ou nos élections régionales. Peu a été fait
pour développer un sentiment d’allégeance sans lequel l’UE peine à s’affirmer.
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