30 octobre 2007

Le culot de Fabius

Paris, 30 octobre Que Laurent Fabius réclame un nouveau referendum, rien de plus légitime mais que, ce faisant, il refuse de dire s’il approuverait ou refuserait le nouveau traité dépasse les bornes. Malheureusement, les journalistes qui l’interrogeaient ce matin sur France – Inter lui ont laissé dire qu’il refuserait de participer au vote de ratification au Parlement sans lui demander ce qu’il ferait si sa demande de referendum était par miracle exaucée. Peut-on demander un referendum et annoncer en même temps que l’on refusera de répondre à la question posée ?

25 octobre 2007

Un discours de Jean-Claude Juncker

Paris,25 octobre 07 La réunion à Rome des instances du CIFE ( Centre international de formation européenne ) a été marquée par une intervention remarquable de son président Jean-Claude Juncker. Le premier ministre du Luxembourg regrette que l’on ait cessé d’être fier de l’Europe, juge naïve la certitude de la paix assurée pour toujours, regrette que le grand marché ne s’accompagne pas d’une dimension sociale. L’euro est un grand succès. Les critiques adressées à la Banque centrale sont injustes. Son action a été exemplaire pendant la crise de cet été. Il faut réduire les déficits et la dette quant la conjoncture est favorable. Les petits pays l’ont fait, mais non la France et l’Italie : deux poids, deux mesures. Le CIFE doit expliquer un traité inexplicable et nullement simplifié. Nous demeurons avec dix-sept traités. L’essentiel est sauvegardé mais les opting out font ressembler l’Union à un fromage suisse. La suppression des symboles est anti-pédagogique car l’Europe ne relève pas seulement de l’esprit mais du cœur. Le principal regret de Juncker est le report dans une foot note du principe fondamental de la primauté du droit communautaire. L’élargissement est un autre grand succès mais il a été mal expliqué. Il fallait réconcilier l’histoire et la géographie. Le nouveau traité marque un progrès par rapport à celui de Nice. Il faut aimer tout progrès même modeste. Dans son pays où les gens reçoivent des chaînes de télévision d’origines diverses, les auditeurs sont perplexes en entendant dire par les uns que le nouveau traité reprend l’essentiel de la constitution et par les autres qu’il en est complètement différent. La tâche d’explication n’en est pas facilitée. Les pays qui ont approuvé le traité constitutionnel par referendum ne revoteront pas car l’essentiel n’a pas changé. Ceux qui l’ont rejeté ne revoteront pas car le nouveau texte est différent…

20 octobre 2007

Ouf !

Paris, 20 octobre. L’accord de Lisbonne laisse espérer la fin de la crise constitutionnelle. Le ouf de soulagement ne doit pas dissimuler l’ampleur des problèmes posés par une attitude britannique de plus en plus cynique qui consiste à prendre en Europe ce qui convient au Royaume-Uni et à s’opposer à tout ce qui pourrait entamer si peu que ce soit la liberté d’action du royaume. Le succès est dû à l’entente réalisée en juin entre Merkel et Sarkozy, hélas moins évidente aujourd’hui. Malgré l’abandon significatif des symboles et divers reculs, notamment sur la politique étrangère, le soutien à la ratification s’impose. Ce traité n’est en rien simplifié, il est moins démocratique que n’était le traité constitutionnel, les diplomates ont profité de l’occasion pour rogner les ailes de la politique étrangère commune. Mais son entrée en vigueur est une condition indispensable de sortie de crise. Rarement la formule du moindre mal, synonyme de sagesse en politique, ne s’est aussi clairement imposée.

18 octobre 2007

L'Europe de Georges Sarre : une non - personne

Paris, 18 octobre. Dans la page Débats du Monde daté du 18 octobre, Georges Sarre qui fut l’un des plus acharnés contempteurs du projet de constitution européenne et l’un des représentants du « non de gauche » fait un aveu de taille. A l’appui de son opposition au nouveau traité, il regrette que l’Union se voie reconnaître la personnalité juridique et que soit confirmée la primauté du droit européen. Or refuser à l’Union la personnalité juridique reviendrait à lui interdire de jouer, en tant que telle, un rôle significatif sur la scène mondiale. Contester la primauté du droit de l’Union serait la priver de toute possibilité d’action intérieure, chacun des Etats membres ayant la possibilité d’ignorer ou de contredire les règles qu’elle édicterait. Remercions Georges Sarre, même si ce n’était pas son intention, de nous montrer ce que valent les prises de position du Mouvement auquel il appartient, et plus largement celles des « nonistes » de gauche en faveur d’une Europe qui aurait l’ambition de contribuer à l’édification d’un ordre plus juste à l’intérieur comme dans le reste du monde. Pour les souverainistes de gauche ou de droite, l’Europe doit demeurer une simple dénomination géographique, en quelque sorte une non – personne.

11 octobre 2007

Des navires plutôt que des camions

Paris, 11 octobre. Une proposition de la Commission européenne rapportée par le Financial Times de ce jour vise à supprimer les contrôles douaniers sur les navires assurant un trafic entre Etats membres de l’UE. Cette mesure, en réduisant les pertes de temps et d’argent résultant des contrôles, encouragerait le transport inter-européen de marchandises par la voie maritime. Or la substitution de navires aux camions que facilite la configuration du continent européen est un des meilleurs moyens de décongestionner les routes et de réduire les nuisances et pollutions considérables dues aux transports routiers. Voyons si cette proposition trouvera un écho au « Grenelle » de l’environnement et quel accueil lui sera réservé.

10 octobre 2007

Entre Guaino et Jouyet le grand écart

Platier 10 octobre L’un des traits surprenants de la nouvelle présidence est la coexistence de tendances adverses au sein du même gouvernement. Entre un Guaino poussant au laxisme budgétaire et aux attaques contre la BCE et Jouyet qu’on imagine ramant en sens contraire, qui l’emportera ? L’ampleur de nos déficits – des dépenses qui excèdent d’un quart les recettes -- réduit notre capacité d’influence en Europe et nuit à nos relations avec l’Allemagne. Mais le plus grave est sans doute ailleurs. Il confirme nos compatriotes dans l’idée fausse suivant laquelle l’Europe aggrave nos difficultés au lieu de nous aider à les résoudre. Imagine-t-on les dévaluations et les plans de rigueur que nous subirions sans la protection que nous assure l’euro et dont nous abusons sans vergogne ? Autre inconvénient : toute l’énergie que nous mettons à critiquer la politique monétaire de la BCE nous manque pour proposer la mise en place des instruments de régulation, de coordination ou d’action commune qui font défaut à l’Europe dans tant de domaines, par exemple la surveillance des frontières et des côtes, les réseaux de télécommunication, les interconnexions électriques, les marchés financiers,la création de centres d'excellece universitaires, les interventions en cas de catastrophes naturelles,les économies d'énergie et la lutte contre le changement climatique. Ces tâches exigeraient un budget commun d’une autre dimension qui est aussi nécessaire pour l’agence d’armement, l’élargissement des échanges de jeunes, l’assouplissement des critères d’intervention du fonds d’adaptation à la mondialisation, la lutte contre la pauvreté.

04 octobre 2007

Merci à l'euro ! L'aveu de Greenspan

Paris, 4 octobre. Parmi les attitudes les plus contestables de notre nouveau président, figure l’affirmation suivant laquelle l’euro aurait fait monter les prix. Or les arrondissements abusifs qui ont pu se produire dans les semaines qui ont suivi l’introduction de la nouvelle monnaie ne sont rien en regard de la protection que nous a assurée et que nous assure toujours l’euro contre les dévaluations que, sans lui, nos déficits publics gigantesques et persistants nous auraient imposées. Qui dit dévaluation dit hausse des prix de tous les produits importés. Aujourd’hui la hausse de l’euro contrarie nos exportations mais réduit notre facture pétrolière et limite la hausse des prix des carburants. Quant à la coordination des politiques des pays de l’eurozone, nous sommes mal placés pour la réclamer, alors que nous refusons d’appliquer la première des règles communes de bonne gouvernance : celle du retour progressif à l’équilibre budgétaire.
Saluons enfin les félicitations qu’Alain Greenspan, ancien patron de la Federal Reserve Bank adresse dans ses Mémoires aux créateurs de la monnaie européenne à laquelle, comme beaucoup de ses compatriotes, il ne croyait pas. Or il parle aujourd’hui d’un immense succès et d’un extraordinaire accomplissement.

01 octobre 2007

Le Parlement représente-t-il les Etats ?

Paris, 1er octobre Le Parlement européen s’apprête à proposer au Conseil une nouvelle répartition des sièges entre les 27 Etats membres. Il s’agit d’éviter que l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie ne se traduise durablement par un accroissement excessif du nombre des députés. Le principe retenu est celui de la proportionnalité dégressive qui avantage les Etats à faible population. On invoque, pour justifier ce principe, le fait que le Parlement ne représente pas seulement les citoyens mais aussi les Etats. Or ce fait est pour le moins discutable, les Etats étant représentés par le Conseil (Conseil européen et Conseil des ministres). Sans prétendre à une proportionnalité absolue qui écraserait la représentation des Etats les moins peuplés, on peut s’étonner qu’il soit envisagé de porter de cinq à six le nombre minimum de députés accordés à un seul Etat. Qu’en sera-t-il quand l’Union sera appelée à accueillir plusieurs mini-Etats issus de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie ? Il est vrai que la multiplication des mini-Etats pose déjà et posera plus encore dans l’avenir bien d’autres problèmes auquel il serait bon de réfléchir en temps utile.