23 janvier 2018

Une réunion à la Maison Heinrich Heine



                        Paris, 23 janvier
            Une réunion à laquelle participaient notamment Hans Stark de l’IFRI et Christian Lequesne de Sciences Po à la Maison de l’Allemagne ( Heinrich Heine ) de la Cité universitaire a révélé l’ampleur des difficultés que rencontrent les tentatives de refondation européenne basée sur la solidarité, tant sont fortes en Allemagne et dans les pays du Nord les réticences à payer pour les cigales du Sud. Plusieurs participants, dont un journaliste d’outre-Rhin en poste à Paris, ont regretté l’insuffisance de l’effort pédagogique qui démontrerait aux Allemands les avantages considérables qu’ils tirent de leur situation au centre d’une Union élargie leur offrant à la fois des sous-traitances bon marché et des débouchés élargis. J’ai moi-même regretté qu’en dépit de l’activation de la « coopération structurée permanente » en matière de Défense, ce thème ne soit pas davantage avancé dans les projets de refondation européenne, alors qu’un budget significatif d’armements, en élargissant la solidarité à ce domaine nouveau, la rendrait sans doute plus acceptable. Encore conviendrait-il que le financement des politiques communes ne soit plus assuré par des contributions nationales propices aux pires marchandages mais par une fiscalité objective, notamment l’imposition des bénéfices des sociétés à partir d’une assiette enfin harmonisée, ce qui aurait de surcroit l’avantage de mettre fin au dumping fiscal auquel donne lieu aujourd’hui cet impôt.
            J’ai été heureux de saluer Hélène Miard-Delacroix professeure à la Sorbonne dont j’avais apprécié qu’elle ait rappelé le même jour, sur les ondes de France Inter, l’antériorité, généralement ignorée en France, de l’appel de Robert Schuman de 1950 dans la réconciliation franco-allemande.        

19 décembre 2017

L'apophtegme de Pascal Lamy



Paris 19 décembre 2017
Le non rétablissement de contrôles à la frontière inter-irlandaise est la condition mise par Dublin à son acquiescement à l’accord du 8 décembre entre l’UE et le Royaume-Uni. Dans le même temps Theresa May a dû promettre aux unionistes d’Ulster (Irlande du Nord), dont le soutien lui est indispensable à Westminster, qu’une frontière ne sera pas établie entre l’Ulster et le reste du Royaume-Uni. Or ces deux engagements sont évidemment incompatibles. Les négociateurs ont fait semblant d’ignorer cette contradiction, désireux qu’ils étaient de terminer cette première phase de la négociation, quitte à remettre à plus tard la crise que ne manquera pas de provoquer l’impossibilité de respecter l’un ou l’autre des deux engagements contradictoires. Ainsi se vérifie l’apophtegme de Pascal Lamy suivant lequel le Brexit consisterait à tirer un œuf d’une omelette. Les Britanniques qui se veulent pragmatiques pourraient bien y renoncer tant il est lourd de toutes sortes de dangers. Faut-il le souhaiter ?     

30 novembre 2017

Démocratiser les élections européennes




                           Paris 30 novembre 2017
         Le président Macron, conformément aux souhaits de tous les partis, à l’exception des Républicains, a choisi le retour aux listes nationales dans une circonscription unique. Tout en éloignant les élus des électeurs, ce choix devrait favoriser un grand débat national sur les enjeux européens. Permettra-t-il de réduire le nombre des abstentions ? Un moyen de susciter l’intérêt pour cette consultation et de la rendre plus démocratique consisterait à donner à l’électeur la possibilité de modifier, par des signes de préférence, l’ordre des candidats sur les listes. Ainsi serait limité le pouvoir excessif des partis dans le choix des élus.
         Le projet d’utiliser les sièges dévolus aux Britanniques et libérés par le Brexit pour la constitution de listes transnationales et de donner aux citoyens d’Europe un deuxième bulletin à haute portée symbolique  a, malheureusement, peu de chances d’aboutir alors qu’il pourrait contribuer à l’émergence d’un espace commun de débat démocratique. Il supposerait un accord unanime quasi impossible à obtenir dans le délai nécessaire.