Paris, 11 mai
De retour de Montréal où j’ai trouvé des admirateurs de l’œuvre de Monnet et Schuman et où nous avons débattu de l’avenir du couple franco-allemand, j’apprends à mon arrivée à Paris qu’un progrès inespéré est sorti de la crise : la création d’un mécanisme de soutien aux pays en difficulté et surtout la possibilité reconnue à la BCE de soutenir le crédit des pays membres de la zone euro. Mes doutes n’en demeurent pas moins sur trois points : le taux excessif des concours à la Grèce, le silence sur les réformes de l’Etat grec et la lutte contre la corruption, l’absence de mise en cause des dépenses militaires grecques.
Je joins copie de ma réponse à un eurosceptique périgourdin :
Les mauvais conseils d’Alain Bournazel
Sortez de l’euro, tel est l’impératif conseil qu’Alain Bournazel se croit en droit d’adresser à ses amis grecs dans l’Essor du 7 mai. A vrai dire, le conseil ne s’adresse pas qu’aux Grecs. C’est la monnaie unique qualifiée de piège qui est prise pour cible. A l’en croire, les Grecs nous rendraient service en nous montrant l’exemple. Comme beaucoup d’eurosceptiques, Alain Bournazel ignore que l’union monétaire répond à une nécessité plus politique que technique, celle de consolider l’œuvre de paix et de réconciliation entamée, il y a exactement soixante ans, par Jean Monnet et Robert Schuman, et cela alors que la réunification de l’Allemagne suscitait des doutes sur l’avenir du seul grand dessein qui ait illustré le dernier siècle.
Quelques questions ou observations :
1. Le prix pour la Grèce, en termes de niveau de vie, ne serait-il pas pire si elle devait faire face à ses dettes libellées en euros, avec une monnaie profondément dévaluée, conséquence inéluctable de son éventuelle sortie de l’union monétaire ?
2. La meilleure chance pour la Grèce de sortir d’un système de corruption généralisée qui l’apparente aux pays du tiers-monde, n’est-elle pas de resserrer ses liens avec l’UE, quitte à accepter une sorte de mise en tutelle provisoire, comme l’ont fait ses voisins des Balkans ?
3. On voit bien, par l’importance de décisions qui n’avaient que trop tardé, le prix que tous les pays membres de la zone euro attachent à la sauvegarde et à la pérennité d’un des acquis les plus précieux de leur entreprise.
4. L’Europe et son union ont souvent progressé dans les crises. Celle de la dette grecque aura démontré que partager une monnaie suppose une convergence des politiques et une organisation de la solidarité.
Robert Toulemon
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