16 janvier 2010

Capitalisme, communise et mondialisme

St Raphaël, 16 janvier 2010
Les incroyables dérives du capitalisme financier ont rendu quelque vigueur aux avocats d’une société communiste. On a pu s’en apercevoir par les commentaires qui ont accompagné le décès de Daniel Bensaïd ou lors du débat organisé par Frédéric Taddéi sur FR3 autour du Slovène Slavoj Zizek. On pourrait croire que certains des plus puissants maîtres de la finance mondialisée se sont efforcés de donner des arguments à leurs pires ennemis. Je relève au moins trois phénomènes hautement condamnables même si leur caractère criminel n’est apparemment sanctionné par aucun de nos codes nationaux.
1. L’octroi de crédits immobiliers à des masses d’ emprunteurs pauvres à des conditions telles que le défaut de remboursement était certain dès le départ et la diffusion de ces créances pourries dans une bonne partie du système bancaire occidental, avec pour conséquence l’obligation faite aux Etats de venir au secours de banques devenues insolvables.
2. La pratique permettant aux grandes firmes d’échapper à l’impôt par un jeu de filiales établies dans des paradis fiscaux (tout comme les facilités d’évasion fiscale offertes aux vraies grandes fortunes), ce qui a pour résultat une inégalité devant les charges publiques dont le Conseil constitutionnel vient de rappeler l’illégalité à propos de la taxe carbone.
3. L’élargissement constant de l’échelle des rémunérations et la reprise obscène de la pratique des bonus bancaires, en dépit des admonestations du président des Etats-Unis.

Sorman et Glucksman qui étaient, dans l’émission de Taddéi, appelés à répondre au réquisitoire de Zizek ont évoqué, comme on pouvait s’y attendre les capacités d’adaptation d’un capitalisme démocratique et les dérives criminelles des expériences révolutionnaires impliquant le recours à la violence. Mais, ni l’un ni l’autre, ni la jeune universitaire socialiste qui était sur le plateau, n’a fait observer que le pouvoir financier était mondialisé mais non le pouvoir politique alors qu’aucune des dérives mises en cause n’est susceptible d’être durablement éliminée par des mesures se limitant au cadre national. Ce devrait être le rôle d’une Europe plus sûre d’elle-même de rappeler la nécessité d’une gouvernance mondiale du capitalisme. Le culte des souverainetés nationales est plus vivant que jamais, de Washington à Pékin et dans les capitales du Sud. Il n’en demeure pas moins le principal obstacle à tout progrès en direction d’un ordre mondial plus juste et donc plus sûr.

1 commentaire:

Bernard Levasseur a dit…

Comme vous avez raison ! Merci pour vo commentaires toujours si clairs et pertinents.