31 décembre 2008

Les dix ans de l'euro

Paris, 31 décembre. Les dix ans de l’euro auraient mérité une célébration à la mesure des services que nous a rendus la monnaie unique. Chacun sait que les monnaies affaiblies par une gestion laxiste des finances publiques, à commencer par la nôtre, auraient été emportées par la tourmente de l’automne. Il eut été juste de reconnaître la sagesse dont avait fait preuve la Banque centrale en dépit de critiques démagogiques venues de tous côtés. On aurait aussi pu rappeler que loin d’avoir fait monter les prix, l’euro nous a valu dix ans sans inflation. Aux onze fondateurs de 1999 se sont joints Chypre, Malte, la Grèce et la Slovénie le 1er janvier 2002. Les seize seront demain dix-sept avec l’adhésion de la Slovaquie. Malheureusement, l’euro et la politique monétaire sont de peu de secours face à la crise qui va rendre plus difficiles, mais aussi plus désirables, les adhésions ultérieures. A supposer qu’elle souhaite adopter l’euro, ce qui n’est pas le cas pour des raisons politiques, la Grande-Bretagne ne répondrait à aucun des critères. La livre sterling qui avait atteint un cours de 1,7 euro est désormais à parité avec la monnaie européenne.
Que 2009 nous soit favorable!

24 décembre 2008

Bon Noël !

Paris, 24 décembre. Une sévère bronchite m’a mis sur le flan, m’a contraint de rester à Paris et a retardé mon travail de mise à jour de mon livre « Aimer l’Europe » qui devrait être réédité en avril pour la campagne des élections européennes de juin. En attendant, les bilans de la présidence française vont se multiplier. Bilan à la fois brillant et contrasté, brillant par la capacité exceptionnelle de réaction et d’initiative dont a fait preuve Nicolas Sarkozy face aux trois crises auxquelles il eut à faire face, contrasté par suite du refroidissement avec l’Allemagne provoqué principalement par le lancement particulièrement mal conçu du projet d’Union méditerranéenne. On peut aussi s’interroger sur le relatif effacement de la Commission qu’à mon avis les commentateurs exagèrent. Barroso a été associé mais n’a guère fait preuve d’initiative. Etait-ce de son fait ? La facilité avec laquelle on a cédé aux Irlandais sur leur exigence d’avoir toujours un commissaire en dit long sur ce que les Etats attendent de la Commission. Un jour viendra où ils regretteront de l’avoir systématiquement affaiblie. Bon Noël à mes lecteurs !

15 décembre 2008

La désinvolyure de France 2

Paris, 15 décembre. Les lecteurs de ce blog partagent sans doute l’indignation qui m’a fait envoyer la lettre ci-dessous à Patrick de Carolis. N’’hésitez pas à joindre votre protestation à la mienne !

Monsieur le Président,

Les habitués du journal de 20 heures de France 2 déploraient depuis longtemps que la chaîne emblématique du service public donne systématiquement priorité aux faits divers sur l’information politique nationale et internationale et n’accorde qu’un intérêt restreint aux enjeux européens. Vendredi soir 12 décembre, cette désinvolture a dépassé les bornes. Alors que venait de s’achever le dernier Conseil européen tenu sous présidence française et alors qu’un accord historique sur la lutte contre le changement climatique avait été obtenu, il a fallu attendre 20 h 15 pour que le sujet soit brièvement traité. Auparavant un long moment avait été consacré à l’important problème du mode d’envoi des contraventions au code de la route à leurs destinataires.
Au moment où la suppression de la publicité tend à souligner la vocation particulière des chaînes du service public permettez à l’un des animateurs d’une association qui s’attache à développer la connaissance des réalités européennes et internationales de protester contre une attitude qui tend, pour flatter ce qu’on suppose, sans doute à tort, être la préférence du public, à privilégier l’accessoire au détriment de l’essentiel.
Je vous prie d’agréer, monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Robert Toulemon

10 décembre 2008

Inquiétudes sur la relation franco-allemande

Paris, 10 décembre. A la veille du dernier Conseil européen sous présidence française, l’état des relations franco-allemandes a de quoi inquiéter. Est-il vrai que Mme Merkel a été tenue à l’écart de la réunion de Londres ? Le rapprochement avec la Grande-Bretagne est une excellente chose mais ne doit pas s’accompagner d’un refroidissement avec Berlin. Alors que nous sommes menacés de la pire crise économique depuis la dernière guerre, le moment est venu de resserrer les rangs. Nous devrions avoir plus de compréhension pour un pays viscéralement attaché au bon ordre de ses finances et plus familier des longues concertations que des initiatives improvisées. Nous payons aujourd’hui le prix des refus opposés aux offres allemandes répétées d’union politique fédérale au sein de la grande Europe, à Maastricht avec Kohl en 1990, au moment du mémorandum Schaüble – Lamers de 1994, puis en 2000 lors du discours de Fischer à l’Université Humboldt. Nous payons aussi le prix de tant d’années de laxisme budgétaire qui nous laissent fort dépourvus alors que la bise est venue.

03 décembre 2008

Un plan de relance mal parti

Paris, 3 décembre. On mesure aujourd’hui les conséquences de la décision prise jadis, avec l’accord de la France, de limiter le budget européen à 1% du produit communautaire. Sans les instruments étatiques que seraient un Trésor public européen et un vrai budget, couvrant l’essentiel des dépenses de recherche et d’innovation civile et militaire, ce qui serait source d’économies par élimination des doublons, il est illusoire d’attendre un plan européen de relance à la mesure de la gravité de la crise. A cette difficulté structurelle s’ajoute l’attitude décevante d’Angela Merkel, de plus en plus critiquée dans son pays. Là encore, les torts sont partagés. Nous serions mieux placés pour plaider en faveur d’une relance keynésienne si nous avions mis nos finances en ordre quand la croissance était là. La partie ne sera pas facile pour la présidence française au prochain Conseil européen, d’autant que les nouveaux Etats membres ne veulent pas compromettre leurs chances d’intégrer l’euro en mettant leur budget en déficit.
Pendant ce temps les Chinois dévaluent leur yuan déjà sous-évalué ! Oserons-nous réagir et comment ?