Platier, 13 juillet. La réunion à Paris de tous les leaders arabes riverains ou proches de la Méditerranée, à la seule exception de Khadafi, des premiers ministres turc et israélien et des 27 de l’UE, est en elle-même un incontestable succès. Succès d’autant plus remarquable qu’il revient de très loin ! Trois erreurs majeures avaient été commises dans le lancement du projet, sous l’influence du souverainiste Henri Guaino. Présenter ce projet comme celui d’une Union méditerranéenne calquée sur le modèle de l’UE, en exclure les Etats européens non riverains, ignorer le processus de Barcelone tout en prétendant utiliser les crédits prévus dans ce cadre. Voilà qui augurait mal de l’avenir d’un projet lancé, de surcroît, sans consultation préalable au mépris de nos engagements franco-allemands et européens. Le mérite d’Angela Merkel fut de s’opposer à une initiative qui, ignorait, au départ, la politique étrangère et de voisinage de l’Europe et le processus de Barcelone, celui de Jean-Pierre Jouyet de convaincre Nicolas Sarkozy de se replier, non pas comme on le dit à tort sur un projet moins ambitieux, mais sur le seul projet susceptible de rassembler les Méditerranéens sans diviser les Européens et de bénéficier des acquis de Barcelone.
Le plus, par rapport à Barcelone, est le caractère paritaire de la nouvelle structure. A vrai dire cette parité demeurera précaire et artificielle tant qu’aux 27 de l’UE feront face seize pays divisés et parfois en état de conflit permanent, et pas seulement au Moyen-Orient. Ces conflits sont autant d’obstacles à surmonter pour assurer l’avenir de la nouvelle union et pour justifier son nom. Puisse-t-elle aussi contribuer, comme l’a fait avec succès l’UE, à répandre l’état de droit et, si possible, la démocratie et le respect des droits humains, y compris la liberté de religion, dans des pays qui en sont encore, pour la plupart bien éloignés. Quoi qu’il en soit, une différence majeure différenciera l’Union pour la Méditerranée de l’Union européenne : la libre circulation des personnes, objectif de la première, pomme de discorde pour la seconde.
J’apprends à l’instant l’accident mortel dont Bronislaw Geremek vient d’être victime. Il était, avec Vaçlav Havel, la plus grande figure d’Européen venue des nations-soeurs enfin libérées. Comme Havel, il ne séparait pas le combat pour la liberté du combat pour l’Europe. Il avait été récemment appelé à la présidence de la Fondation Jean Monnet qui conserve à Lausanne les archives du Père de l’Europe.
Le retard de la diffusion de ce message est dû à une panne que je vous prie d’excuser.
17 juillet 2008
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