Paris, 10 avril
Le couple franc¬o-allemand : noces de diamant ou chronique d’un divorce annoncé ? Tel est le titre de la conférence que je suis invité à présenter conjointement avec une universitaire berlinoise au colloque qu’organise l’Université de Montréal à l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration Schuman. Longtemps l’Allemagne militait en faveur d’une Europe fédérale sans en faire un préalable de son étroite entente avec une France allergique à la supranationalité. A deux reprises, depuis la réunification, de hauts responsables allemands, les chrétiens-démocrates Lamers et Schaüble en 1994, Fischer en 2000, ont avancé l’idée d’un noyau dur fédéral sans obtenir de réponse d’une France paralysée par la cohabitation. Aujourd’hui, la génération au pouvoir à Berlin n’a connu ni la guerre, ni la rédemption par l’Europe de l’immédiat après-guerre. Elle entend défendre les intérêts allemands avec la même fermeté que la France ou la Grande-Bretagne. Elle s’irrite à juste titre du laxisme budgétaire de ses partenaires et le fait savoir, s’agissant de la Grèce, dans des termes inutilement méprisants. Nous avons eu tort de reprocher à l’Allemagne, par la voix de Mme Lagarde généralement mieux inspirée, ses efforts pour rétablir sa compétitivité alors que rien ne nous interdisait d’en faire autant. Mais l’Allemagne a tort de refuser toute solidarité. Fallait-il ajouter au plan de rigueur imposé à la Grèce fautive, des taux d’intérêt pénalisants ? L’Allemagne a intérêt à conserver des partenaires solvables. Elle pourrait contribuer à redynamiser une économie européenne languissante en acceptant une utilisation raisonnable de la capacité d’emprunt de l’Union, seul moyen de compenser l’effet récessif des politiques nationales de retour à l’équilibre des finances publiques.
D’autres reproches parfois adressés à l’Allemagne depuis Paris ne sont pas justifiés. Elle ne ferait pas assez d’efforts pour sa défense. Elle ne partagerait pas notre ambition de faire de l’Europe une puissance. Ce discours n’aurait de sens que si nous étions prêts à partager notre souveraineté, notre statut de puissance nucléaire et notre siège au Conseil de Sécurité. Tel n’est évidemment pas le cas. Or à abuser de reproches injustifiés, nous affaiblissons nos rappels légitimes à la solidarité européenne.
Je développerai ces thèmes lors du prochain Observatoire de l’Europe d’ARRI qui se tiendra mardi à 17h, 288, bld St Germain. Qui voudrait y assister peut téléphoner à ARRI de ma part : 01 45 27 46 17.
10 avril 2010
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