Paris, 20 novembre
La désignation, au terme d’une procédure opaque du premier ministre belge Van Rompuy, chrétien-démocrate flamand aux fonctions de président du Conseil européen n’exerçant pas de fonctions nationales et de la baronne Catherine Ashton, commissaire travailliste au commerce extérieur, à celles de haut représentant aux affaires étrangères, vice-président de la Commission ne contribuera guère à donner à l’Europe la visibilité interne et externe qui lui fait cruellement défaut. La qualité des personnes n’est pas en cause mais ni l’un ni l’autre ne disposent de l’expérience et surtout de la notoriété que l’on serait en droit d’attendre des plus importants dirigeants de l’Union européenne. Ce résultat s’explique d’abord par la crainte non avouée mais bien réelle des gouvernements, et tout particulièrement de ceux des grands pays, de voir les institutions européennes acquérir une autorité, voire une légitimité qui leur soit propre. C’est cette même crainte qui a conduit à des institutions dont l’éclatement est une garantie de faiblesse : Commission composée comme si elle était en charge des intérêts des Etats plutôt que de l’intérêt général de l’Union, dualité des présidences du Conseil européen et de la Commission alors que les deux fonctions ont un profil très proche, maintien de la présidence semestrielle pour tous les Conseils de ministres à l’exception de celui des affaires étrangères qui sera présidé par Madame Ashton.
Si déplorable qu’elle soit, cette situation correspond à l’état actuel d’une Europe dont les peuples attendent beaucoup mais ne sont en rien mobilisés en sa faveur. L’émergence d’une Europe politique suppose une prise de conscience qui demandera encore beaucoup de temps, bien des efforts et sans doute, le moment venu, une plus nette démarcation entre tenants de l’Europe-espace et promoteurs de l’Europe-puissance. Prenons donc les choses avec philosophie en regardant aussi les éléments positifs : les qualités humaines et le talent de conciliateur de M. Van Rompuy, l’espoir faible à vrai dire qu’une Britannique donne du relief à une fonction dont Londres a tenu à limiter l’importance en s’opposant à ce que le titre de ministre lui soit donné, enfin et surtout l’économie d’une crise qui aurait fâcheusement marqué l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne.
La désapprobation générale qui accueille ces nominations laisse espérer pour l’avenir une procédure plus ouverte, les candidats étant invités à présenter, notamment devant le Parlement européen, sinon leur programme, du moins la conception qu’ils se font de l’exercice de la fonction à laquelle ils prétendent. La désignation des plus hauts dirigeants de l’Union dans un processus opaque ne correspond plus aux exigences d’aujourd’hui.
20 novembre 2009
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1 commentaire:
pourquoi pas:)
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