Platier, 26 avril. Les conséquences à tirer de la crise alimentaire pour la politique agricole commune donnent lieu à un dialogue de sourds qui augure mal des discussions prévues sur la réforme de la PAC. Pour les uns, la menace d’un déficit alimentaire mondial devrait conduire à maintenir, voire à renforcer, l’ensemble des mesures de soutien à la production agricole ; pour les autres, la hausse des prix, qui s’annonce durable, rend désormais inutiles et injustifiées les aides aux agriculteurs. Les uns et les autres ont tort et raison à la fois. Les premiers ont raison de rappeler l’utilité d’une production accrue. Ils ont tort de demander le maintien de subventions présentement injustifiées. Les seconds ont raison de dénoncer des aides présentement inutiles. Ils ont tort de négliger les garanties dont doivent disposer les agriculteurs face à des marchés instables et soumis aux aléas climatiques.
Le moyen intelligent de réconcilier ces points de vue en apparence contradictoires est de s’attaquer à un vice majeur des politiques européennes qui n’est pas propre au secteur agricole, la rigidité. Cesser de verser les aides au revenu dès que le niveau des prix assure un revenu suffisant, les rétablir dès que les conditions de marché, voire les conditions climatiques, le justifient et ne fonction de la situation des diverses catégories de producteurs, voilà ce qu’il faudrait faire. Pourquoi est-ce aussi difficile ? Parce que les gouvernements, ne faisant pas confiance à la Commission et ne se faisant pas confiance à eux-mêmes, ont préféré s’engager dans des accords budgétaires pluri-annuels rigides, inadaptables à une conjoncture changeante, plutôt que de laisser à la Commission le soin d’adapter les interventions aux nécessités du moment.
Bien entendu, au-delà de ces divergences, tout le monde devrait s’accorder pour la suppression des subventions à l’exportation qui ruinent les agricultures vivrières du Sud, notamment en Afrique, et pour l’augmentation corrélative de l’aide alimentaire sans laquelle la famine menace de frapper de nombreux pays, tout en veillant à ce que cette aide ne fasse pas obstacle au développement des productions locales, ce qui, de nouveau, suppose une grande souplesse dans les modalités de l’action et son adaptation à des réalités diverses et changeantes.
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