21 juin 2006

A propos de Suez

21 juin Le délai imposé au gouvernement pour la fusion Suez-Gaz de France offre l’occasion de rechercher avec les Italiens une solution européenne d’un groupe énergétique et environnemental à participation publique. C’est, semble-t-il le sens des ouvertures de Prodi lors de sa récente visite en France. Tout semble malheureusement indiquer que cette occasion ne sera pas saisie. Ce ne sera pas la première erreur commise au nom du prétendu patriotisme économique.

Mes commentaires vont s’espacer cet été que je voudrais mettre à profit, en ces temps d’euroscepticisme, pour une réflexion sur les raisons que nous avons d’aimer l’Europe.

20 juin 2006

Qui devra revoter ?

20 juin A l’occasion du Conseil européen, moins conflictuel qu’on aurait pu le craindre, le Premier Ministre luxembourgeois Juncker a rappelé, dans un article du Monde, que Français et Néerlandais devront tenir compte des 15 et bientôt 16 ratifications du traité constitutionnel déjà acquises, ce qui signifie que le nouveau texte devra être proche de celui qu’ont rejeté les deux pays du non. A Lisbonne où s’est rendue une délégation d’ARRI, l’ancien commissaire Vitorino a soulevé la question suivante : s’il est difficile de faire revoter Français et Néerlandais sur le même texte, il est tout aussi difficile de faire revoter Espagnols et Luxembourgeois sur un texte différent de celui que ces deux pays ont approuvé par referendum. La solution devra se situer entre ces deux difficultés.

15 juin 2006

Un manuel d'histoire franco-allemand

15 juin J’au eu la chance de pouvoir assister mardi dernier au lycée Henri IV à la présentation du tout nouveau manuel d’histoire franco-allemand organisé par l’association européenne des enseignants (AEDE) que préside Martine Méheut. La présentation était faite par Daniel Henri, l’un des historiens qui a participé à cette entreprise. Parmi les enseignements de cette expérience passionnante, le constat qu’il a été plus facile de s’entendre entre Français et Allemands sur les thèmes qui, à première vue, pourraient les opposer que sur la conception même de l’enseignement de l’Histoire, ou encore sur la vision que l’on a, dans les deux pays, des Etats-Unis, associés à la démocratisation d’après-guerre dans l’imaginaire allemand ou des deux totalitarismes rouge et noir que les Allemands se refusent à assimiler, de crainte de banaliser le Nazisme. Cette entreprise est née d’un accord entre Chirac, qu’il faut, pour cette fois féliciter, et Schröder. Le premier volume, paru en France chez Nathan, porte sur le programme de terminale (1945 à nos jours). Le suivant, en préparation, couvrira les deux guerres mondiales. Il reste à espérer que nombreux seront les enseignants qui choisiront ce nouveau manuel qui consacre la rupture déjà ancienne avec une tradition ancrée dans notre pays d’une histoire biaisée en fonction de préjugés nationaux. Pas de préjugé européen dans ce nouveau manuel qui ne dissimule pas les crimes des Européens mais montre la leçon que certains, les plus lucides, en ont tiré.

13 juin 2006

Réponse à Valéry-Xavier Lentz

13 juin Vous avez raison de regretter le peu de communication des gouvernements sur l’élargissement et la priorité donnée à celui-ci sur l’approfondissement. Raison de plus pour marquer ce qu’a d’exceptionnel et d’exemplaire le processus de réforme à l’est de l’Europe. Les difficultés présentes sont davantage imputables aux anciens, nous-mêmes en premier lieu (referendum, déficits, refus des réformes…) qu’aux nouveaux. La dérive polonaise est inquiétante, mais l’appartenance à l’UE en fixe les limites. Le Parlement a constaté que tout nouvel élargissement, au-delà de la Bulgarie et de la Roumanie, suppose une réforme préalable des institutions.

12 juin 2006

Un plan B qui mérite considération

12 juin Un ouvrage collectif, partiellement rédigé en anglais, auquel ont participé notamment Jacques-René Rabier, ancien collaborateur de Jean Monnet, membre actif du club Europe ARRI AFEUR et Jean-Claude Boual, spécialiste des services publics et membre du CAFECS apporte une réflexion nouvelle et stimulant sur la manière la meilleure de sortir de la crise européenne. Leur ouvrage s’intitule « Plan B. Changer la gouvernance européenne »(Editions Labor). Il préconise « une déclaration d’interdépendance » qui pourrait être adoptée à l’occasion de l’anniversaire du traité de Rome en mars 07 et qui ouvrirait la voie à une nouvelle convention qui ne se limiterait pas aux questions institutionnelles et devrait aboutir à un referendum ou à une consultation populaire le même jour dans tous les pays, à l’occasion des élections européennes de 2009. Cet optimisme est roboratif même si on a du mal à le partager.

09 juin 2006

Questions sur le projet du PS

9 juin Le projet du PS, selon les indications données par la presse, soulève bien des questions du point de vue de la politique européenne. La principale est la compatibilité des dépenses nouvelles avec le retour à l’équilibre des finances publiques, nécessaire pour réduire un endettement devenu d’autant plus insupportable que les taux d’intérêt sont dans une phase ascendante. On peut aussi s’étonner de l’absence apparente de débats sur la dimension européenne de nombreuses politiques : emploi, énergie, fiscalité, immigration, lutte contre la criminalité internationale, affaires étrangères et défense. Ainsi se trouve confirmée la tendance des partis politiques à parler le moins possible d’un sujet qui les divise.

06 juin 2006

Sur un arrêt de la Cour de Justice

6 juin La Cour vient d’annuler, sur recours du Parlement, l’accord passé avec les Etats-Unis sur la communication de données personnelles des voyageurs se rendant Outre - Atlantique. Le motif d’annulation est formel. Cet accord ne relevait pas du domaine communautaire (1er pilier), mais de la politique étrangère et de sécurité (2ème pilier). Ainsi, le Parlement voit son recours triompher mais pour un motif qui réduit la portée de son avis dans un domaine où il devrait s’imposer. Ceci montre une fois de plus le caractère absurde de la division de l’Union en piliers auquel le traité constitutionnel devait mettre fin.

05 juin 2006

L'élargissement, un succès pour l'Europe

5 juin Le magazine anglais The Economist vante les mérites des Slovaques qui, au nom de l’UE, ont supervisé le referendum au Montenegro où leur intervention a été mieux reçue que ne l’aurait sans doute été celle d’un pays plus important. Sans suivre ce journal pour qui les seules politiques européennes utiles sont la libéralisation et l’élargissement, on ne peut que regretter la méfiance avec laquelle les Français envisagent les adhésions passées et à venir. C’est la perspective d’une candidature à l’UE qui maintient la paix dans les Balkans, autant que les forces armées que l’UE y a déployées. C’est l’appartenance à l’UE qui protège la Pologne des dérives extrémistes. Dans le désarroi général, reconnaissons ce à quoi sert cette Europe dont nous ne déplorons pas moins les faiblesses

02 juin 2006

Un succès de l'Europe

2 juin La nouvelle orientation de la politique des Etats-Unis à l’égard de l’Iran est un incontestable succès de l’Union européenne obtenu gràce à l’accord de l’Allemagne , de la France et du Royaume-Uni. La crise ouverte par les désaccords sur l’Irak semble dépassée. On imagine l’influence que pourrait exercer l’Europe si elle disposait du ministre des Affaires étrangères et de la diplomatie commune qu’instituait le traité constitutionnel.

Conférence sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie

1er juin J’ai eu l’honneur de clore ce soir la conférence organisée par les Jeunes européens à la Maison de l’Europe. Après avoir rendu hommage au dynamisme des JE dont le Mouvement européen devrait s’inspirer, j’ai développé deux idées.
J’ai d’abord souligné le caractère exceptionnel et exemplaire de l’acceptation volontaire des critères européens par les candidats. Le processus européen est lui-même exceptionnel et exemplaire, un empire non impérial, sans précédent historique suivant la formule du président Barroso. Hélas, nous n’avons pas réussi à en convaincre la masse de nos concitoyens. Le grand élargissement, non fêté comme il aurait dû l’être, a été une occasion manquée.
Ma deuxième observation a porté sur le risque que l’inévitable différenciation dans une Union très élargie ne soit ressentie comme une discrimination. Deux tendances s’opposent depuis l’origine de la construction européenne : la tendance intégrationniste avec perspective fédérale, celle de Monnet et Schuman, celle, moins ambitieuse, de la simple coopération entre Etats souverains, qui était celle du général de Gaulle. Le meilleur moyen pour les nouveaux Etats membres d’éviter toute marginalisation est d’opter pour la formule la plus ambitieuse.
L’Europe eurosceptique d’aujourd’hui a besoin de l’enthousiasme des nouveaux adhérents.