29 juillet 2012

L'été de tous les dangers

Platier, 29 août. La volonté des gouvernements de sauver l’euro ne fait pas de doute. Mais les solutions envisagées jusqu’à présent consistent à compenser une solidarité politique insuffisante par un excès de rigueur dans le retour à l’équilibre des pays en déficit. Paradoxalement, les marchés font payer aux Européens leur manque d’unité politique, y compris en politique étrangère (voir la Syrie), leur incapacité à se présenter et à se comporter comme une entité solidaire. Le coût de l’aide aux pays en difficulté, hier la Grèce, l’Irlande et le Portugal, aujourd’hui l’Espagne et l’Italie est d’autant plus élevé que l’Union ou la zone euro ne sont pas vues comme des entités véritablement unies et solidaires. Il en est de même pour les pays bénéficiaires de l’aide. Les conditions dont l’aide est assortie sont telles que, loin d’éprouver un sentiment de reconnaissance, les populations des pays bénéficiaires se ressentent comme des victimes. Ce n’est pas ainsi que l’on fera progresser l’europhilie ! Maigre consolation pour les vieux militants fédéralistes de l’Europe unie, l’éclatante démonstration de la supériorité de l’intégration sur la simple coopération dont la devise est trop peu et trop tard.

13 juillet 2012

Le spectre d'une Europe sans les Britanniques (lettre au Monde)

Platier, 13 juillet. En première page du Monde daté du 13 juillet, la chronique d’Alain Frachon exposant la stratégie de Cameron – le marché unique et rien de plus – est annoncée sous le titre « le spectre d’une Europe sans les Britanniques ». Nombre de vos lecteurs se demanderont pourquoi qualifier de spectre une évolution dont il convient de se réjouir. Jusqu’à une date récente, Londres s’opposait à tout progrès de l’intégration européenne et multipliait les exigences de dérogations, tout en prétendant demeurer un partenaire central de l’UE. Ne vaut-il pas mieux voir les Britanniques admettre qu’une « union de plus en plus étroite » ne le intéresse pas, dès lors qu’ils ne s’opposent pas aux progrès de l’intégration au sein de la zone euro et même les encouragent ? C’est à bon droit que François Hollande a parlé à Londres d’Europe à plusieurs vitesses. Encore faudrait-il qu’il s’entende avec Angela Merkel pour tracer les contours de ce que devrait être une Europe de la première vitesse où discipline et solidarité seraient assurées par la mise en commun des souverainetés.

05 juillet 2012

Un premier pas

Platier, 5 juillet. Les accords conclus à Bruxelles dans la nuit du 29 au 30 juin ne constituent qu’un premier pas en direction d’une sortie de crise durable assurant la pérennité de l’euro et de l’UE. Les deux décisions majeures sont l’acceptation d’un contrôle supranational des budgets nationaux et la promesse d’une union bancaire fédérale sous l’égide de la Banque centrale. Les questions qui restent posées sont multiples. 1. Les mesures de relance prévues seront-elles suffisantes pour éviter aux pays endettés de s’enfoncer dans le cercle infernal de la récession et du déficit ? 2. Comment assurer durablement, sans mutualisation de la dette, la réduction de l’écart qui sépare les taux exigés par les prêteurs des différents pays de la zone euro ? 3. Comment obtenir le soutien des opinions publiques aussi bien des pays créanciers que des pays débiteurs pour ce saut d’intégration que nous impose la crise ? La troisième question est la plus importante. C’est celle d’une union politique qui, pour être durable, doit être désirée et non imposée.