26 février 2012

Une exaspération réciproque

Paris, 26 février. Loin d’apparaître comme un témoignage de solidarité, l’accord destiné à sauver la Grèce de la faillite est ressenti par beaucoup d’Européens, à commencer par les Allemands, comme un prix que l’on paye à contre-cœur pour l’irresponsabilité d’un partenaire incapable de tenir ses engagements et, par les Grecs, comme un insupportable diktat. On ne pouvait aboutir à un pire résultat en termes de pédagogie politique. Intervenu plus vite et plus tôt, le renflouement de la Grèce eut été moins coûteux. En revanche, il est légitime qu’il soit strictement conditionné au respect des engagements pris par les Autorités grecques. Mais il serait aussi légitime qu’une part de l’aide consentie soit affectée à l’aide directe à la population et au maintien des services publics essentiels.

08 février 2012

Angela dans la campagne

Paris, 8 février. La présence de la chancelière allemande auprès du président français candidat non encore annoncé à sa succession est une étape importante en direction de la création d’un espace public de débat européen sans lequel une Europe politique démocratique ne saurait prendre forme. Il faut s’en réjouir et souhaiter qu’elle soit suivie d’autres débats télévisés transnationaux, en particulier lors des prochaines élections européennes de 2014. On notera cependant qu’à propos d’une question sur la souveraineté, Sarkozy s’en est tenu à la doxa française récusant les « technocrates » et imaginant un gouvernement européen sous la forme d’un concert de leaders nationaux invités à entériner les propositions du couple franco-allemand. L’Europe demeurera un nain politique tant qu’elle ne disposera pas d’un Exécutif légitimé par le suffrage universel et distinct des gouvernements nationaux.

01 février 2012

Un étrange traité

Paris. 1er février. Angela Merkel a réussi à imposer une discipline budgétaire qui figurait déjà dans les traités antérieurs mais que France et Allemagne n’avaient pas respecté. Fallait-il pour cela un nouveau traité qui ne manquera pas de devenir un nouveau chiffon rouge pour tous ceux qui redoutent une Europe punitive ? Certes, on peut espérer qu’une fois acquis les engagements de rigueur, l’Allemagne acceptera des mesures de relance, en allégeant sa propre rigueur interne et en acceptant un recours à la capacité d’emprunt de l’UE, par la BCE ou la BEI. Mais la lenteur propre au système institutionnel allemand faisant une large place au consensus, laisse craindre qu’un temps trop long ne s’écoule entre les restrictions budgétaires et la relance par le crédit. Ce n’est pas seulement le PS mais les agences de notation et le FMI qui rappellent à juste titre que, sans croissance, le retour à l’équilibre des budgets nationaux serait très difficile pour ne pas dire impossible. Comment enfin ne pas comprendre qu’à ne confier à l’Europe que des missions impopulaires, on finira par tuer dans l’esprit des peuples le seul projet collectif qui puisse nous arracher au déclin.