03 janvier 2012

Une Alliance à redéfinir

Paris 3 janvier. Les interventions en Afghanistan et en Libye tout comme l’impossibilité d’obtenir de la part des démocraties du Sud, notamment Inde et Brésil, une condamnation des massacres de Syrie devraient conduire à une redéfinition de la grande Alliance qui, après avoir assuré notre sécurité face à la menace soviétique, a survécu à la guerre froide sans adapter ses objectifs à une situation nouvelle. Il est clair que l’Alliance qui unit Américains du Nord et Européens n’est plus dirigée contre une menace identifiée ni liée à l’espace géographique nord-atlantique. La justification de son maintien est l’attachement commun de ses membres à un ordre international fondé sur le respect du droit, droit réglant les relations entre Etats, droits fondamentaux des personnes. La reconnaissance explicite de cette mutation devrait conduire à un double changement : un partage plus équilibré du pouvoir au sein de l’Alliance, un élargissement à tous les pays qui manifestent par la nature de leur régime intérieur et par leur respect de l’ordre juridique international, un attachement aux valeurs qui fondent une Alliance qui ne serait plus atlantique mais universelle et multipolaire. Pour n’avoir pas explicité cette transformation, les Occidentaux se sont interdit d’attirer vers eux les démocrties émergentes du Sud avides de reconnaissance après les humiliations de la colonisation. Plus grave, les Occidentaux, et pas seulement les Américains n’ont pas considéré le respect du droit par les pays du Sud comme un critère essentiel justifiant un traitement privilégié. La real-politik de Washington s’apparentait de ce point de vue aux comportements des anciennes puissances coloniales européennes. Pinochet, Bongo, Mobutu mêmes honteuses complicités justifiées par la résistance au communisme ou plus prosaïquement par des intérêts matériels. Plus récemment les interventions militaires occidentales, même autorisées par l’ONU, ont entretenu de vieilles méfiances. Ainsi s’explique la tendance des démocraties du Sud à s’aligner sur les Etats autoritaires et à refuser de condamner le tyran syrien. Il appartiendrait à une Europe qui, par son union, deviendrait capable de se faire entendre de poser dans ces termes le problème de l’avenir de l’Alliance.

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