28 février 2011

Hommage à deux amis disparus

Paris, 28 février. Deux amis nous ont quitté ces derniers jours, Monique Hunault et Bino Olivi. Monique avait fait partie de ces fonctionnaires militants qui avec François Fontaine animateur du Bureau d’information de la Commission à Paris ont tant fait pour populariser l’idée européenne dans la France des années soixante et soixante-dix. Après sa retraite, Monique poursuivit des activités militantes à l’Association Jean Monnet et à la Fondation Jean Monnet de Lausanne, à Femmes d’Europe et à l’AFEUR dont elle fut l’un des membres les plus actifs. Je connaissais Bino Olivi depuis ma nomination au cabinet de Robert Marjolin en juillet 1962. Brillant Porte-Parole de la Commission pendant une vingtaine d’années, il fut ensuite chargé auprès de l’ambassadeur Jurgensen du projet de Fondation européenne de la Culture seule proposition du Premier Ministre belge Tindemans retenue par le Conseil européen avant d’être torpillée par la conjonction des Néerlandais et d’un diplomate du cabinet du président Giscard d’Estaing. Après ce qui avait été pour lui une cruelle déception, Bino se fit le très remarquable historien de la construction européenne dans son ouvrage "l’Europe difficile" régulièrement mis à jour. Lui aussi membre de l’AFEUR, il participait à nos déjeuners lors de ses séjours à Paris.

19 février 2011

Nouveaux méfaits de l'intergouvernementalisme

Platier, 19 février. Les efforts louables des Allemands et des Français pour rapprocher leurs positions sur la gouvernance économique de l’Union risquent d’être voués à l’échec par le choix des deux principaux pays de la zone euro d’exclure tout recours à la méthode communautaire et de s’en tenir à des accords intergouvernementaux. Cette affaire paraîtra bien abstraite aux non spécialistes. Elle est en réalité très concrète et hautement politique. En privant la Commission de son rôle de proposition puis de gestion, Français et Allemands ont réussi à mécontenter la plupart de leurs partenaires, y compris la Pologne dont le Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes vient de rappeler l’attachement de son pays à la méthode communautaire qui garantit la prise en compte des intérêts de tous et, grâce au vote à la majorité, la prise de décision. Ce n’est pas de cette manière que l’on convaincra les pays moins peuplés d’accepter des disciplines parfois douloureuses telles que l’abolition de l’indexation des salaires ou le recul de l’âge de la retraite. Enfin on doit s’attendre à une réaction fermement négative du Parlement européen.

11 février 2011

Deux leçons à tirer des crises tunisienne et égyptienne

Paris, 11 février. La première leçon est l’universalité de l’aspiration des peuples à la liberté que nient parfois les tenants de la real politik. Le rôle de l’Europe, comme celui des Etats-Unis, plus puissants mais moins proches géographiquement et psychologiquement, est d’encourager une évolution sans violence vers la liberté des élections, l’alternance politique et l’état de droit sans exclure des contacts avec toutes les parties, y compris ceux des islamistes qui se réclament de la démocratie. L’opinion publique est à juste titre déçue du profil bas de la diplomatie européenne face aux révolutions du sud de la Méditerranée. The Economist dans un article sur le bilan de lady Ashton fait observer pour sa défense qu’elle ne peut ouvrir la bouche sans s’être assurée au préalable de l’accord des 27 gouvernements de l’UE. La deuxième leçon à tirer de cette crise est l’impossibilité pour l’Europe de faire entendre sa voix au moment opportun tant que règnera la règle de l’unanimité en politique étrangère. Cependant les circonstances étaient exceptionnellement favorables : pas d’oppositions entre Etats membres, attente des opinions, proximité géographique, affirmation de valeurs communes.