27 janvier 2011

Une démonstration des bénéfices de l'unité

Paris, 28 janvier 2011. La première émission obligataire du Fonds européen de stabilité financière a remporté un succès remarquable : 45 milliards d’euros proposés pour 5 attendus. Le FESF bénéficiant du triple A aurait sans doute trouvé preneur pour ses titres en offrant un taux d’intérêt égal à celui qu’obtient l’Allemagne pour ses emprunts. Par prudence et pour garantir le succès de cette première émission, un taux légèrement supérieur a été offert sans que le montant exact soit précisé dans l’article du Monde daté du 27 janvier où je puise cette information. La leçon à tirer de cet épisode est claire. Dés qu’elle se présente comme une unité et non comme une simple alliance précaire l’Europe suscite la confiance. Puissent nos dirigeants s’en souvenir !
Pas de nouveau message avant une quinzaine de jours.

25 janvier 2011

Une campagne pour les Etats-Unis d'Europe

Paris, 25 janvier. La démonstration quasi-quotidienne des insuffisances de l’UE a conduit l’Union européenne des fédéralistes que préside en France Jean-Guy Giraud à prendre l’initiative d’une campagne pour les Etats-Unis d’Europe, se fixant pour objectif 2014, année de renouvellement du Parlement et de la Commission mais aussi centième anniversaire du premier suicide de l’Europe.
Une réunion s’est tenue le 22 janvier en présence de Michel Albert, président d’honneur de l’Union des fédéralistes et animée par Jean-Guy Giraud, à laquelle assistaient des représentants de diverses associations, dont ARRI, ainsi que Virgilio Dastoli, ancien proche collaborateur d’Altiero Spinelli et actuellement président du Mouvement européen d’Italie. Elle a fait apparaître un accord quasi-unanime sur la formule des Etats-Unis d’Europe à la condition que soit mis en avant le principe de solidarité qui distingue notre Union de la fédération américaine.
L’effort accompli pour surmonter la crise et améliorer la gouvernance économique de l’Union (fonds de stabilisation, agences de supervision, semestre européen), si important soit-il n’est pas suffisant pour garantir à terme la solidité de l’union monétaire et répondre aux attentes des peuples. Il reste à doter l’Union de ressources propres, à autoriser le recours à des emprunts européens, pas seulement pour alléger le fardeau des pays en difficulté mais aussi assurer au programme 2020 un meilleur sort que celui qu’a connu l’agenda de Lisbonne, à perfectionner la gouvernance économique en procédant à des assainissements budgétaires assez progressifs pour ne pas briser la reprise, enfin à réguler les marchés financiers et à amorcer l’harmonisation de la fiscalité des entreprises. J’ai personnellement appelé l’attention sur l’opportunité d’un programme intégré en faveur des jeunes sans emploi qui pourrait combiner les moyens de la politique sociale, de la formation professionnelle et des encouragements aux échanges transnationaux, programme qui donnerait de l’Europe une image positive.
L’allergie des gouvernements à la réouverture du chantier institutionnel n’a pas empêché Angela Merkel d’obtenir l’élaboration d’un amendement aux traités. Notre conviction est qu’il est temps de préparer une nouvelle étape sur la route qui doit conduire notre continent à son unité politique, étape qui pourrait se situer symboliquement entre les dates anniversaires du premier conflit mondial né en Europe de la division des Européens. Parmi les réformes institutionnelles, la plus importante concerne l’abolition en tous domaines du droit de veto, étant entendu qu’un pays minoritaire a désormais la faculté de se retirer de l’Union. Ce pourrait être le moyen de s’assurer de la volonté de tous et d’abord des Britanniques de poursuivre l’œuvre entreprise. La proposition du député fédéraliste britannique Andrew Duff prévoyant l’élection d’un petit groupe de députés européens sur des listes transnationales mérite d’être soutenue comme étant de nature à donner un caractère réellement européen à la campagne. La présentation par les principaux partis d’un programme européen et non d’une addition de programmes nationaux et celle d’un candidat pour la présidence de la Commission sont la condition pour une plus forte participation aux élections européennes. Enfin, l’éclatement de la représentation de l’Union et de la fonction exécutive est un facteur de faiblesse qui pourrait être corrigé en réunissant sur la même tête les fonctions de président de la Commission et du Conseil européen, réforme dont Virgilio Dastoli nous a rappelé qu’elle est permise par le traité de Lisbonne.
Il nous reste à faire partager cette conviction d’abord en France avant d’aborder le débat au niveau européen. J’ai proposé que nous nous adressions au Mouvement européen - France dont c’est la vocation, afin de savoir s’il serait disposé à promouvoir ce projet, à fédérer les initiatives et à porter le débat au niveau européen. Au vu de sa réponse, nous apprécierons quelle suite donner à notre action.

19 janvier 2011

Excès en divers domaines

Paris, 19 janvier. L’actualité fournit en ce moment maints exemples de prises de position excessives qui nuisent à une bonne appréciation des problèmes. Ainsi, le régime de Ben Ali, tout policier qu’il fût, était moins oppressif et moins éloigné de nos valeurs, notamment pour le sort fait aux femmes, que la plupart des régimes arabes. De là à lui proposer une aide en matière de maintien de l’ordre avec les meilleures intentions du monde mais au pire moment… Est-ce appeler au protectionnisme que s’étonner de voir les Chinois construire des autoroutes en Pologne alors que le marché chinois des autoroutes est fermé aux entreprises européennes ? Enfin, doit-on stigmatiser le gouvernement hongrois avant de connaître les amendements qu’il se déclare prêt à apporter à une loi sur les médias, suivant les observations de la Commission européenne ?

13 janvier 2011

Ne prenons pas à la légère la campagne contre l'euro

Paris, 13 janvier. Il ne suffit pas de décrire la catastrophe économique, sociale et politique que représenterait l’éclatement de la zone euro pour contrecarrer la campagne lancée par la coalition des nationalistes d’extrême droite et d’extrême gauche, de Le Pen à Mélanchon en passant par Dupont-Aignan. La seule réponse convaincante serait un vrai saut en avant vers une Europe politique capable d’unir discipline et solidarité. L’Europe ne pourra reconquérir l’appui de ses citoyens si elle ne leur apporte d’autres réponses à leurs attentes que plus d’austérité sans contrepartie positive. Voilà pourquoi l’affaire des euro-obligations susceptibles de financer le programme 2020 n’est pas une affaire technique mais un projet essentiellement politique. C’est ce qu’ont compris le président de l’eurogroupe et, sur un autre registre, les parlementaires européens promoteurs de l’initiative Spinelli.

05 janvier 2011

L'euro se porte bien mais son image n'est pas ce qu'elle devrait être

Platier, 5 janvier. Une rectification d’abord. Un lapsus dans mon dernier message m’a fait désigner faussement météor au lieu de médiator le médicament mortifère des laboratoires Servier.
Concernant l’euro, rien n’est plus ridicule que les commentaires apitoyés sur un euro menacé alors que son cours exprimé en dollar se maintient largement au dessus de son cours d’introduction. Ce qui est remarquable au contraire, c’est la stabilité dont a fait preuve la monnaie unique en ces temps de crise. En revanche, à propos de l’entrée de l’Estonie dans la zone euro, des regrets justifiés se sont exprimés au sujet des images abstraites de ponts ou de portes imaginaires figurant sur les billets, come si l’on avait voulu donner à la monnaie unique une connotation technocratique. Je suis de ceux qui, en son temps, avaient regretté l’incapacité des créateurs de l’euro à se mettre d’accord sur une liste de grandes figures européennes qui auraient fait des nouveaux billets une illustration de nos gloires communes. L’objection de la difficulté d’un accord ne tient pas. Il suffisait de confier le choix à un panel de personnalités prestigieuses et de prévoir un renouvellement périodique des images sélectionnées.

03 janvier 2011

Pour une Europe plus efficace

Platier 3 janvier 2011 Parmi mes vœux de l’an dernier deux se sont en partie réalisés : l’unité des Européens sur les problèmes du climat et la régulation des activités bancaires. Reste à rendre l’Europe plus efficace en dépassant le stade de la simple coopération. Un exemple d’actualité nous est fourni par le scandale du météor médicament inutile et nuisible. Or il existe une agence européenne du médicament. Nul journaliste, nulle personnalité politique ne s’est demandé si l’agence européenne était intervenue dans cette affaire. Sans disposer d’informations particulières, je soupçonne les gouvernements des pays disposant d’une industrie pharmaceutiques d’être peu disposés à voir un organisme européen indépendant se prononcer sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments. Si l’on en croit les praticiens réunis la semaine dernière dans un débat de l’excellente émission C dans l’air de la chaîne 5, la moitié des médicaments existants seraient totalement dépourvus d’utilité. Beaucoup d’entre eux seraient nuisibles. Qu’attend l’Europe pour faire entendre sa voix ?
Meilleurs vœux à mes correspondants et mes excuses pour les difficultés d’accès à mes messages entre août et décembre dernier.