27 décembre 2009

Retour sur Copenhague

Paris, 27 décembre.
Au regard des innombrables commentaires qui ont suivi la conférence, je suis amené à nuancer mon appréciation sur deux points.
Tout d’abord, l’échec est loin d’être aussi catastrophique que beaucoup le prétendent. La prise de conscience est désormais mondiale. La Chine, l’Inde et l’ensemble des émergents ne contestent plus qu’ils devront prendre part à l’effort global. Obama reconnait la réalité d’une menace que Bush niait.
La leçon pour l’Europe est plus cruelle encore que je ne le pensais. Alors qu’elle avait montré la voie, alors qu’elle était relativement unie, l’Europe a réussi ce tour de force d’apparaître comme inexistante. Des leaders nationaux en perpétuelle rivalité de prestige ne peuvent incarner l’Europe, parler en son nom et moins encore avancer des propositions. La preuve est faite une fois de plus de la nécessité d’un pouvoir européen disposant de sa propre légitimité. L’effacement de la Commission et l’éclatement des présidences qu’organise le traité de Lisbonne ne permettent malheureusement pas d’espérer une amélioration rapide.

20 décembre 2009

Le fiasco de Copenhague

Paris, 20 décembre.
L’échec de Copenhague est d’abord celui de la méthode diplomatique traditionnelle plombée par le dogme des souverainetés et son corollaire, la règle d’unanimité. C’est aussi la conséquence du court-termisme des dirigeants politiques soumis aux impératifs électoraux. La Chine et les Etats-Unis se sont affrontés sur la réduction de leurs émissions tout en étant d’accord pour refuser tout engagement contraignant. Et l’Europe dans tout ça ? Bien que plus unie qu’à l’habitude et montrant la voie, elle n’a pas joué le rôle de leader qui pourrait être le sien. Obama a préféré rencontrer dès son arrivée le Chinois, l’Indien, le Brésilien, le Sud-africain mais aucun des Européens ! Rencontra-t-il le président Van Rompuy lors des prochaines conférences prévues à Bonn, puis à Mexico ? Sera-t-il habilité à parler au nom des 27 ?

17 décembre 2009

Deux questions.

Paris, 17 décembre
1. Alors que le traité de Lisbonne est supposé donner un coup de fouet à la Défense européenne, on s'étonne que les demandes pressantes adressées aux Européens par Obama en vue du renforcement de leur présence en Afghanistan ne donnent lieu, apparemment, à aucune tentative de réponse commune. Y aura-t-il au moins une concertation avant la prochaine réunion de l'OTAN à ce sujet?
2. Quel serait le cours de l'euro si plusieurs pays membres de la zone euro ne souffraient de déficits abyssaux et d'un endettement qui menace de devenir insupportable? Je ne connais pas d'analyse de l'influence des déficits et de l'endettement sur la parité euro-dollar. Il est vrai que ces maux sévissent des deux côtés de l'Atlantique.

12 décembre 2009

Entente cordiale sur les bonus

Paris, 12 décembre.
La querelle au sujet des attributions de Michel Barnier et des déclarations triomphalistes de notre Président s’est heureusement et miraculeusement transformée en un accord franco-britannique pour imposer à titre exceptionnel et pour un an seulement les bonus bancaires. Ce miracle semble dû à la proximité de consultations électorales dans les deux pays. On parle aussi d’une taxe sur les transactions financières qui serait destinée à financer les programmes de réduction des émissions carbonées dans les pays pauvres. L’institution d’une fiscalité supranationale fondée sur des bases objectives est le seul moyen de mettre fin au marchandages irritants sur les contributions nationales qui empoisonnent la vie communautaire en Europe et paralysent les organisations internationales. Mais elle se heurte au tabou de la souveraineté.

05 décembre 2009

Deux erreurs présidentielles

Paris, 5 décembre.
En présentant l’attribution à Michel Barnier du portefeuille du marché intérieur et des services financiers comme un triomphe sur le modèle anglo-saxon, le président Sarkozy a commis deux erreurs : laisser croire qu’à ses yeux Barnier sera le représentant de la France à Bruxelles et non un commissaire tenu sous serment de ne recevoir aucune instruction, irriter inutilement les Britanniques au moment même où Gordon Brown semblait prendre quelques distances envers la City en approuvant un mécanisme européen de supervision des banques. Que dirions-nous si la nomination de Lady Ashton était qualifiée par Gordon Brown de triomphe de l’euro-atlantisme ?