14 mai 2009

Deux avis qui expliquent l'abstention sans la justifier

Paris, 14 mai. Deux anciens députés européens parmi les meilleurs que notre pays aient envoyés à Strasbourg nous éclairent sur deux causes méconnues du manque d’intérêt pour les élections européennes. Michel Rocard explique dans les cahiers d’ARRI, que la pluralité des clivages au sein du Parlement (droite-gauche, fédéralistes–eurosceptiques, intérêts nationaux) atténue les antagonismes. La qualité du travail y gagne ce que le spectacle y perd. Les Français s’indignent du consensus droite-gauche qui est à la base de tous les progrès de l’Europe. Jean-Louis Bourlanges, rappelait de son côté, dimanche dernier dans l’excellente émission de l’Esprit public sur France-Culture, que les gouvernements jouent à faire comme si l’Europe politique existait alors qu’ils lui refusent compétence dans les domaines essentiels et moyens budgétaires. Plus ou moins consciemment, les électeurs devinent ce faux-semblant et en tirent prétexte pour s’abstenir au lieu d’interpeller les candidats sur ce point capital.

3 commentaires:

elisabeth a dit…

A M. Toulemon,

Vous faites ici référence, je suppose, à l'absention (record) en France.

Dans les pays où l'on pratique le "panachage" et "le vote préférentiel" comme en Irlande, on voit bien que les choses sont différentes.

Et si le problème n'était pas les Etats, ou l'absence d'une rupture nette "gauche droite"...Mais bien, en premier lieu, un problème de maturité des partis français ?

Robert Toulemon a dit…

Je suis d'accord avec vous si vous entendez par manque de maturité la propension des partis à faire passer leurs petites combinaisons avant l'intérêt général, celui de la France comme celui de l'Europe. avoir écarté plusieurs des meilleurs sortants (Lamassoure mal placé, Savary et Toubon éliminés) est un scandale. RT

elisabeth a dit…

Je devrais même dire "manque sérieux de confiance en soi".

Ce qui est triste, dans le cas de la France notamment, c'est que les deux (trois ?) formations les plus "importantes" UMP, PS, MODEM...Préfèrent "risquer" une très forte abstention, préjudiciable au PE, plutôt que de présenter aux électeurs des candidats méritants...Soit par ce qu'ils ont déjà un mandat "positif" (ex : Lamassoure, M. Pervenche) soit parce qu'ils ont fait leur preuve, au niveau local ou national, et sont en capacité d'assumer un mandat souvent difficile (il est plus simple de discuter dans sa propre langue, que de conclure des accords en 27 ! Et si l'anglais (pardon, le globlish : différent de l'anglais) est la langue la plus usitée...Je doute qu'on se comprenne toujours en cette langue, mal maitrisée par la plupart des élus)

Pour moi, c'est le signe que ces partis se sentent "coupables" de quelque chose, qu'ils n'assument pas vraiment leurs ambitions européennes, ou tout simplement leur goût de la politique.

Car ne voir dans l'UE qu'une punition (DATI), une planque dorée (PEILLON), n'est pas vraiment la meilleure des choses pour débattre des enjeux européens.

Il est d'ailleurs paradoxal de voir ces partis appelés à l'ouverture d'esprit, ect. Tout en pratiquant, de leur coté, une culture du repli. On méprise d'un coté le citoyen qui se replie sur le national, mais que font donc les partis "pro européens" que sont censés être l'UMP, le Modem, ou le PS ?

En Irlande, l'électeur n'a pas à choisir un "parti", ou une "liste". Il est libre de faire son choix, en fonction des seuls critères méritocratiques. Si le parti ne met que des apparatchis sur sa liste...Le citoyen peut tout simplement ne pas choisir son candidat sur celle ci, et faire le choix d'autres listes, et supprimer les candidats qui ne lui conviennent pas sur une liste. C'est sain, et motivant.

Ce qui explique sans doute que 60% des Irlandais s'intéressent aux élections européennes, et iront voter - même si les élections locales vont limiter la motivation : les médias n'en ayant que pour "COWEN devra t il démissionner après les élections" -alors que 55% des Français voteront blanc ou nul, via l'abstention, pour manifester leur écoeurement vis à vis des petites combines politiciennes, et des navrantes postures des "principaux" partis : Mme AUBRY se contentant d'appeler à "pour ou contre N. SARKOZY", l'UMP à "soutiens SARKO ou tais toi" et le MODEM à "tous contre SARKO". Et l'Europe là dedans ?