30 août 2007

La dimension européenne du discours de Sarkozy aux ambassadeurs

Platier 30 août

La dimension européenne du discours de Sarkozy aux ambassadeurs n’a pas été, à mon avis, convenablement mise en lumière par les commentateurs.Jugez-en : " La construction européenne est pour la France une priorité absolue. Pas de France forte sans l’Europe. Une Europe forte doit être un acteur majeur sur la scène internationale", formule qui me parait préférable à celle habituelle de l’Europe – puissance."Comment agir en Europe en ayant comme objectif de s’opposer à la Commission ou au Parlement européen". Cette dernière affirmation marque une posture nouvelle de la diplomatie française, d’autant qu’elle est complétée par un vif hommage rendu au président Barroso et par le rappel de la prochaine mise en place d’une diplomatie européenne.

La création d’un comité d’une douzaine de Sages chargés de réfléchir à ce que pourrait être l’Europe et ses missions dans 20 ou 30 ans est proposée. Une question est posée à laquelle ces sages pourraient tenter de donner une réponse qui intéresse beaucoup de Français : « De nouveaux élargissements sont-ils compatibles avec la poursuite nécessaire de l’intégration ? » Intégration mot longtemps tabou pour les gaullistes et désormais jugée nécessaire ! L’assouplissement de la position française sur les négociations avec la Turquie, l’objectif demeurant une association aussi étroite que possible mais non l’adhésion, est habilement lié à la mise en place de ce comité de sages. L’Union méditerranéenne est présentée comme une parade au choc des civilisations, à partir de réalisations concrètes suivant la méthode Monnet. La Commission doit en être un acteur de plein droit, ce qui marque le rôle de l’Union européenne dans tout partenariat méditerranéen ou africain.

Le discours présidentiel nous invite à aimer l’Europe. « Si l’on veut que les peuples de l’Europe aiment à nouveau l’Europe, il faut que l’Europe pèse sur le quotidien : immigration, énergie, environnement ». La lutte contre la criminalité internationale aurait pu être ajoutée à la liste. Si la sécurité intérieure a été oubliée, il n’en fut pas de même de la sécurité extérieure pour laquelle une stratégie commune doit être établie, comprenant une rationalisation des programmes d’armement et une répartition plus large de l’effort. Toute compétiton avec l’OTAN est exclue. Une complémentarité doit être recherchée avec l’Organisation atlantique où « nous prendrions toute notre place ». Un effort accru est nécessaire en Afghanistan pour venir à bout des talibans. Le leadership auquel prétendent les Etats-Unis est défaillant dans le domaine de l’environnement.

On note enfin une prise de position en faveur de la transformation du G 8 en G 13 et de la réforme des Nations-Unies et un éloge de l’expérience européenne de souveraineté partagée « qui correspond bien aux exigences de notre temps ».

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