25 février 2013

Une réforme régressive

Paris, 25 février. Il semble qu’un retour aux listes nationales serait envisagé pour les prochaines élections européennes, sous le prétexte de l’échec de l’effet de rapprochement élus – électeurs dans les circonscriptions plurirégionales, en fait pour garantir des sièges aux Communistes et aux Verts. Ce projet, s’il aboutissait, serait un recul de la démocratie. A défaut de l’introduction du vote préférentiel pratiqué en Belgique et en Italie mais que personne ne semble envisager en France, il aboutirait à revenir à la pratique qui consistait en fait à faire désigner les députés européens par les partis plutôt que par les citoyens. On imagine que les députés qui auraient eu le courage de rejeter le récent accord budgétaire risqueraient de ne pas se trouver en position éligible. Il appartient au Mouvement européen et à toutes les associations européennes de s’opposer à ce projet.

21 février 2013

Querelle sur l'euro

Paris, 21 février. L’affirmation de positions divergentes sur le taux de change de l’euro est un nouveau signe inquiétant. Cette querelle est le résultat logique d’une évolution divergente des économies nationales dans la zone euro. Le remède est connu : un pas en avant vers plus de discipline et de solidarité qui contribuerait à rétablir la confiance et à encourager l’investissement Le récent accord sur le budget qui sacrifie les réseaux, l’innovation et la recherche ne va pas dans cette direction. La France diffère les réformes douloureuses qui permettraient de réduire un déficit qui deviendrait insupportable si les taux auxquels nous empruntons cessaient d’être miraculeusement avantageux. Qu’attendent les militants européens pour se mobiliser ?

06 février 2013

Appel aux associations européennes

Paris, 6 février. Les débats misérables sur le budget, alors que la crise se prolonge m’ont conduit à lancer l’appel ci-dessous aux associations européennes. L’Europe en danger Pour l’ouverture d’un dialogue avec nos amis allemands sur le fédéralisme Février 2013 Au moment où je publie mes « Souvenirs européens » chronique d’un engagement de plus de cinquante ans pour l’Europe unie, je ressens la nécessité de lancer un appel au secours. Les célébrations récentes de Berlin ont confirmé la profondeur de la réconciliation mais n’ont pas permis de dissimuler la largeur du fossé qui sépare les réactions des Allemands et des Français en ce qui concerne la crise et les moyens d’en sortir. Pour les premiers, le salut ne peut venir que du rétablissement des équilibres budgétaires dont dépend celui de la confiance, donc d’une croissance durable, ce retour à l’équilibre étant garanti par un fédéralisme de la rigueur. Pour les seconds, la concomitance de politiques restrictives ne peut conduire qu’à la récession qui, diminuant les ressources fiscales, rend plus difficile le retour à l’équilibre. Peu favorables aux contraintes institutionnelles, les Français n’en demandent pas moins une Europe plus protectrice et plus solidaire. Ce divorce des mentalités correspond à une divergence croissante des balances extérieures, de plus en plus déficitaires en France, largement excédentaires en Allemagne. Cette fracture menaçante n’oppose pas seulement l’Allemagne et la France. Elle divise la zone euro entre les pays de la zone germanique et les Latins. Les premiers ayant réussi leur redressement, s’accommodent d’un euro fort. Les seconds, faute de pouvoir dévaluer, sont condamnés à une compression douloureuse des rémunérations et garanties sociales. Plus grave encore me parait être l’opposition des ressentiments. A la fureur des cigales du Sud soumis aux rudes disciplines imposées par l’Europe, répond celle des fourmis allemandes admettant mal de payer pour l’imprévoyance des premières. Le refus de tout accroissement du budget commun et de tout débat sur la création de ressources propres prive l’Union de toute possibilité de contribuer à une croissance soutenable par l’innovation, l’intégration des réseaux, les économies d’énergie… A ces difficultés, les optimistes n’ont pas tort d’opposer les incontestables progrès accomplis pour faire face à la crise financière, assainir la situation des banques, réduire les écarts de taux et consolider l’euro, l’action la plus décisive étant l’annonce par le nouveau président de la BCE d’un engagement sans limites, sinon sans contreparties. Mais, ces progrès ne sont pas perçus ni reconnus comme tels par les victimes des politiques d’austérité. Dans la sphère de la politique étrangère et de sécurité commune, deux événements d’ordre différent ont jeté une lumière crue sur son inexistence. L’affaire du Mali démontre une fois de plus les limites de la coopération intergouvernementale. Le sentiment de solitude éprouvé par les Français engagés dans une action dont l’urgence excluait les délais d’une décision collective va de pair avec l’agacement de partenaires mis devant le fait accompli et dont le soutien sera donc à la fois réel et limité. Au demeurant, ni les Français, ni leurs partenaires, ni même lady Ashton n’ont souhaité mettre en œuvre les dispositions en la matière du traité de Lisbonne. Quelques semaines auparavant on avait appris l’échec imputable à Berlin du projet de fusion des entreprises EADS et BAE qui aurait marqué un progrès significatif de l’Europe des armements et auquel le Royaume-Uni était favorable. Enfin, le Premier ministre Cameron demande une réduction des engagements européens du Royaume-Uni en vue d’un referendum qu’il s’engage à organiser après les prochaines élections, à supposer qu’il les gagne. Cela ne l’empêche pas de souligner l’intérêt pour son pays de demeurer dans l’UE (ou ce qu’il en resterait…) Face à ces incertitudes, les gouvernements ont jugé bon, lors du Conseil européen de décembre de remettre à une date indéterminée tout débat sur l’union politique. Ainsi l’Europe est en danger. L’euroscepticisme se développe et tourne parfois à l’europhobie alors même que la sortie de crise exigerait un retour de confiance. La plupart des observateurs, qu’ils y soient ou non favorables, estiment que la pérennité de l’union monétaire ne sera durablement assurée que si elle prend appui sur une union politique. Seul en effet un saut qualitatif et simultané vers plus de solidarité et plus de discipline serait de nature à rétablir la confiance. Cependant, le Conseil européen de décembre a renvoyé à plus tard le débat sur l’union politique et le fédéralisme qu’avaient naguère souhaité ouvrir nos amis allemands. Ne convient-il pas que la société civile des deux pays, pour commencer, engage le dialogue auquel se refusent les gouvernements ? Le moment est venu pour tous les groupes, associations et fondations décidés à faire face au danger d’oublier leurs différences et de resserrer les rangs autour du Mouvement européen qui doit retrouver sa vocation de fédérateur.