26 juin 2013

La non-Europe des Etats

Platier, 26 juin. La diplomatie française n’a cessé depuis le général de Gaulle de privilégier la coopération intergouvernementale et de combattre l’évolution fédérale inscrite par Monnet et Schuman dans l’appel du 9 mai 1950. Nous récoltons aujourd’hui les fruits amers de cette politique. Dans l’Europe des Etats, la règle du consensus fait que la prise de décision est lente et difficile. Les rapports de force prévalent sur le vote dans les institutions. Une France affaiblie par trente ans d’irresponsabilité budgétaire se retrouve face à une Allemagne moins tentée par le fédéralisme depuis qu’elle est en mesure d’asseoir son leadership. Cette évolution est plus préoccupante que les ridicules escarmouches verbales à propos d’une exception culturelle qui couvre de nombreux abus, à commencer par celui des cachets des stars ou du régime des intermittents du spectacle. Félicitons-nous cependant d’apprendre que les 27 devenus 28 vont se pencher en décembre prochain sur la politique étrangère et de sécurité qu’on ose appeler commune sinon par antiphrase.

16 juin 2013

Pour des services publics européens

Platier, 16 juin. Le fractionnement des grands réseaux de communication coûte cher à l'économie du vieux continent. Le projet de ciel unique européen vient de susciter un mouvement de grève dans plusieurs pays. La privatisation de ce service public par nature qu'est le contrôle aérien n'était sans doute pas la meilleure approche. Libéraux et nationalistes s'entendent depuis des années pour empêcher l'Union de se doter de services publics communs qui, tout en permettant un meilleur rapport qualité-prix, contribueraient à construire la solidarité entre les peuples.

02 juin 2013

Une voie de rapprochement

Paris, 2 juin. En proposant la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro doté d’un président à temps complet, le président de la République a sans doute voulu répondre à ceux qui lui reprochaient une absence d’initiative dans un domaine qui divise sa majorité. Ce faisant, il s’expose à la question suivante : la France accepterait-elle mieux les décisions d’un gouvernement économique qu’elle n’accepte les simples recommandations de la Commission ? Avec une Allemagne qui se déclare en faveur d’un président européen élu par le Parlement et, à terme, au suffrage universel, tout en se refusant à tout fédéralisme budgétaire, l’écart des positions demeure considérable. Une voie de rapprochement pourrait consister à établir un lien fort entre la Commission et cette nouvelle présidence, en la confiant au commissaire responsable des affaires monétaires. La zone euro disposerait enfin de ce ministre des Finances réclamé en son temps par Jean-Claude Trichet. Ainsi serait préservé le rôle de défenseur de l’intérêt commun qui est celui de la Commission. Ainsi un lien serait maintenu entre la petite Europe de l’euro et la plus grande Europe. L’articulation entre ces deux espaces n’a pas fini de dominer le débat sur l’avenir de la construction européenne.