29 mars 2012

L'Europe et la campagne présidentielle

Paris, 29 mars. La grande nouveauté c’est la fusion du débat interne sur la réduction du déficit des finances publiques et du débat européen sur la règle d’or et le nouveau pacte budgétaire. Il est remarquable qu’en dépit du mécontentement compréhensible provoqué par la lenteur des réactions face à la crise, l’appartenance à l’UE et à la zone euro n’est remise en cause par aucun des candidats dépassant la barre des 5 % dans les sondages, exception faite de Marine le Pen. Celle-ci, elle-même, face aux difficultés qu’elle a rencontrées à répondre aux interrogations sur les conséquences d’un retour au franc, a dû infléchir son discours. En revanche, la question du mode de gouvernance de l’UE et de la démocratisation de ses institutions est la grande oubliée de la campagne. Seul François Bayrou a, tardivement, fait écho à la proposition de la chancelière allemande d’un président de la Commission qui, à un terme il est vrai non précisé, pourrait être élu au suffrage universel. En proposant la fusion des présidences du Conseil européen et de la Commission, il a rejoint un avis qui tend à se répandre parmi les europhiles soucieux de donner un visage à l’Europe. L’élection d’un président européen au suffrage universel n’est pas pour demain. Nous avons le temps d’y réfléchir. Pourquoi céder à la tentation d’une personnalisation extrême et ne pas envisager l’élection d’une équipe exécutive plutôt que d’un homme ou d’une femme seul(e), un président entouré de quatre ou cinq vice-présidents, ce qui permettrait d’équilibrer la représentation des genres ainsi que celle des grandes régions de notre continent appelé, suivant sa devise, à l’unité dans la diversité ?

22 mars 2012

Un message d'espoir venu de Pologne

Lors des Etats généraux de l'Europe du 10 mars l'ambassadeur de Pologne s'est référé au discours prononcé à Berlin par le ministre des Affaires étrangères de son pays. Voici ce discours qui m'a été communiqué par l'ambassade. Il mérite d'être lu.

« La Pologne et l’avenir de l’Union Européenne »
Discours de M. Radoslaw Sikorski, Ministre des Affaires étrangères de la République de Pologne
Berlin, le 28 novembre 2011

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre – cher Guido – Mesdames et Messieurs, permettez-moi de commencer par une anecdote.
Il y a 20 ans, en 1991, j’étais en République Fédérale de Yougoslavie comme journaliste. Pendant que j’interviewais le gouverneur de la Banque de la République de Croatie, celui-ci a reçu une communication téléphonique dont la teneur n’était pas tout à fait claire. On lui annonçait que le parlement d’une autre république - celle de Serbie – venait de voter son accord pour l’émission d’une quantité non autorisée de monnaie commune, le dinar.
En raccrochant, le banquier a dit : « C’est la fin de la Yougoslavie ».
Il avait raison. La Yougoslavie a éclaté. Avec elle, « la zone du dinar » aussi. Nous en connaissons la suite. Les questions de monnaie peuvent devenir des questions de guerre et de paix, de vie et de mort d’une fédération.
Aujourd’hui, la Croatie, la Serbie et la Macédoine ont leurs propres monnaies.
Le Monténégro et le Kosovo utilisent l’euro sans faire partie de la zone euro. La Bosnie- Herzégovine a un « mark convertible » indexé sur l’euro.
Une histoire surprenante : non pas d’intégration, mais de désintégration européenne.
Cette désintégration a eu un coût terrible en vies humaines. Toute cette région commence à peine à revenir dans la famille européenne.
Le sort de la Yougoslavie nous montre que la monnaie, qui joue le rôle technique de « moyen d’échange », symbolise l’unité ou son absence.
Pourquoi est-ce ainsi ? La monnaie existe car existent les communautés. La communauté, au sein de laquelle les gens vivent et font du commerce – échangent librement – crée de la valeur. Leur monnaie exprime cette valeur.
Le poids moral de la monnaie intriguait Immanuel Kant, selon qui la pratique de prêt de monnaie présuppose l’intention honnête du remboursement. Si cette condition était universellement ignorée, le principe même du prêt et du partage des richesses serait ébranlé.
Pour Kant, l’honnêteté et la responsabilité constituaient des impératifs catégoriques, base de tout ordre moral. Ils constituent aussi la pierre d’angle de l’Union européenne. J’attire votre attention sur deux valeurs fondamentales : la Responsabilité et la Solidarité. Notre responsabilité des décisions et des processus. Notre solidarité, lorsque nous devons supporter des fardeaux.
A l’approche de la fin de la Présidence polonaise du Conseil de l’Union Européenne, je pose les questions suivantes :
Comment cette crise est-elle arrivée ?
Où allons-nous ?
Comment voulons-nous y parvenir ?
Quel est l’apport de la Pologne ?
Que demandons-nous aux Allemands ?
* *
Première question : qu’est ce qui a plongé la zone euro dans les difficultés actuelles ?
Je commence par ce que cette crise ne concerne pas. Elle n’a pas été provoquée – comme l’affirment certains – par l’élargissement.
L’élargissement a apporté le développement et la richesse à toute l’Europe.
Les exportations des pays de l’UE-15 vers ceux de l’UE-10 ont presque doublé en dix ans. Les résultats sont encore plus surprenants lorsqu’on regarde pays par pays. Les exportations du Royaume-Uni vers les 10 ont crû de 2,2 à 10 milliards d’euros depuis 2004 jusqu’à l’année dernière. Celles de la France – de 2,7 à 16 milliards. Celles de l’Allemagne – tenez-vous bien – de 15 à 95 milliards. L’année dernière les échanges globaux entre l’UE-15 et l’UE-10 ont atteint 222 milliards d’euros, soit 51 milliards de plus qu’en 1995. Une somme rondelette qui, je n’en doute pas, assure nombre d’emplois dans la vieille Europe.
Ainsi, non seulement l’élargissement n’a pas provoqué la crise, mais bien au contraire, on pourrait prouver qu’il a contribué à retarder les turbulences économiques. Grâce aux bénéfices du commerce sur le marché élargi, les Etats-providence d’Europe occidentale n’ont eu que très récemment à faire face à la réalité.
S’il n’y a pas de corrélation entre les difficultés actuelles et l’élargissement, avons-nous donc affaire avec une crise de la monnaie ?
Pas tout à fait. L’euro se porte bien par rapport au dollar et aux autres monnaies.
Bien entendu il s’agit en partie de l’endettement, de la nécessité de diminuer les leviers financiers démesurés, causés par les dépenses excessives des gouvernements qui ont eu recours aux instruments de tricherie comptable et à une ingénierie financière irresponsable. Nous observons la diminution des leviers financiers hors de la zone euro : en Grande-Bretagne, l’endettement a atteint 80%, aux États-unis 100% du PIB.
S’il ne s’agissait que d’endettement, on pourrait s’attendre à ce que les ratings et les spreads agissent sur un pays donné en proportion à son endettement. Tel n’est pas le cas. Dans certains pays, comme la Grande-Bretagne ou le Japon, qui sont très endettés par rapport à leur PIB, le service de la dette se fait à un coût modéré. Dans d’autres, moins endettés, comme l’Espagne, ce coût est élevé.
La seule conclusion possible est de dire que cette crise ne touche pas uniquement la dette, mais avant tout la confiance, et plus précisément la crédibilité. Elle touche la question de la sécurité des investissements vue par les investisseurs.
Soyons sincères et reconnaissons que les marchés ont toutes les raisons de douter de la crédibilité de la zone euro. Le Pacte de stabilité et de croissance a été violé 60 fois! (Cf http://www.monstersandcritics.com/news/europe/news/article_1675056.php/LEAD-Merkel-affirms-demandfor-financial-transaction-tax) et ceci non seulement par les petits pays en difficulté, mais par les pays fondateurs, ceux du noyau de la zone euro.
Si la crédibilité est le problème, il faut la restaurer.
Nous avons donc besoin d’institutions, de procédures, de sanctions qui convaincront les investisseurs de la capacité des pays à vivre dans les limites de leurs possibilités et par conséquent de la garantie du rachat de leurs obligations, intérêts raisonnables compris.

Deuxième question : où allons-nous ?
Nous avons en principe deux possibilités. Avant de les expliciter, permettez-moi de vous faire remarquer que les faiblesses de la zone euro ne sont pas une exception, mais sont plutôt caractéristiques de la façon dont nous avons construit l’Union Européenne. Nous avons en Europe une monnaie dominante, à la garde de laquelle n’est institué aucun Ministère européen du Trésor. Nous avons des frontières communes sans politique commune des migrations. Nous avons une politique étrangère prétendument commune, mais privée d’instruments de pouvoir effectif et souvent affaiblie par les États membres, qui privilégient leurs intérêts propres. Je pourrais continuer encore longtemps.
La plupart de nos institutions et de nos procédures dépendent du bon gré et du souci de décence des États membres. Ce mécanisme ne fonctionne à peu près correctement que dans des circonstances favorables. Mais que faisons-nous lorsque des immigrés se présentent en masse à nos frontières, lorsqu’une guerre éclate dans notre voisinage, lorsque les marchés paniquent ? Nous nous réfugions dans le cadre bien connu de nos États nationaux.
La crise de l’euro est un exemple encore plus dramatique de l’impuissance européenne, car ses fondateurs ont créé un système qui peut être conduit à l’éclatement par chacun de ses membres, à un prix terrifiant pour lui-même comme pour l’ensemble.
L’éclatement provoquerait une crise aux dimensions apocalyptiques, bien au-delà de notre système financier. Pouvons-nous vraiment croire qu’au moment du sauve-qui-peut tous agiront dans l’esprit de la communauté et rejetteront la tentation de régler les comptes dans d’autres domaines, par exemple dans le commerce ?
Seriez-vous vraiment prêts à parier que si la zone euro éclatait, le marché commun, cette pierre d’angle de l’Union européenne, survivrait sûrement ? Après tout les divorces dramatiques sont plus fréquents qu’à l’amiable, et j’ai connaissance d’un cas en Californie, où un couple en instance de divorce a dépensé 100 000 dollars pour obtenir la garde du chat.
N’étant pas prêts à risquer un démantèlement partiel de l’UE, nous nous retrouverons devant le choix qui, pour chaque fédération, est le plus difficile : l’approfondissement de l’intégration ou l’éclatement.
Nous ne sommes pas la seule fédération qui affronte la question fondamentale de son avenir à cause de son endettement. Deux fédérations qui existent de nos jours ont fait ce chemin avant nous. Les Américains ont franchi le point sans retour en créant les États-unis au moment où le gouvernement fédéral a pris la responsabilité des dettes contractées par les États pendant la Guerre d’Indépendance. La Virginie solvable a conclu un marché avec le Massachusetts endetté et c’est pourquoi la capitale a été établie sur les bords du Potomac. Selon l’accord négocié par Alexandre Hamilton, les dettes de tous ont reçu une garantie commune, créant ainsi un flux de revenus pour les financer.
De même la Suisse est devenue une vraie fédération lorsqu’elle a établi les principes des emprunts et des transferts entre les cantons les plus et les moins riches.
Nous aussi, nous sommes devant ce choix : voulons-nous ou non être une vraie fédération. Puisque ni la renationalisation ni l’éclatement ne sont acceptables, il ne nous reste qu’une possibilité : agir de manière à ce que l’Europe soit gouvernable et, par conséquent, la rendre plus crédible avec le temps.
La politique est souvent l’art de trouver un équilibre entre ce qui est urgent et ce qui est important.
Le sauvetage de la zone euro est urgent. En s’y attelant, tâchons de conserver l’Europe en tant que démocratie qui respecte l’autonomie de ses États membres. Le nouvel ordre européen devra trouver l’équilibre entre la Responsabilité, la Solidarité et la Démocratie, qui sont les fondements de notre union politique.

Troisième question : Comment voulons-nous y parvenir ?
Le « sixpack » est un bon début. Ce paquet de cinq propositions de règlement et d’une directive, négocié avec l’aide de la Présidence polonaise a apporté une plus grande clarté et une plus forte discipline aux finances des États membres. Désormais, au cours du processus de préparation des budgets nationaux leurs ministres des finances devront présenter plus rapidement leurs comptes budgétaires à leurs homologues et à la Commission, avant même de les transmettre à leurs Parlements nationaux. La Commission pourra proposer des corrections lorsqu’un État membre se trouvera dans une situation de déséquilibre macroéconomique. Les membres de la zone euro qui violeraient le Pacte de stabilité et de croissance seront soumis à des sanctions qu’il sera quasi-impossible de bloquer par des pressions politiques. De plus, le « sixpack » confirme que les principes peuvent être introduits non sous forme de directives, qui nécessitent leur implémentation dans le droit national, mais de règlements qui sont des actes universellement et immédiatement exécutoires.
D’autres actions plus ambitieuses ont été proposées : la Commission et l’Euro groupe obtiendraient, afin de renforcer la convergence économique, le droit d’analyser au préalable les grands projets de réformes économiques dont les effets pourraient être ressentis dans la zone euro, et appliqueraient des sanctions vis-à-vis des États qui n’introduiraient pas les recommandations politiques ; enfin, des groupes de pays pourraient obtenir un accord pour synchroniser leur politique dans les domaines du marché du travail, de système de retraites et de la protection sociale.
La discipline financière serait renforcée du fait que l’accès aux fonds de sauvetage serait réservé à ceux parmi les membres qui respecteraient les règles macro fiscales, les sanctions deviendraient automatiques, la Commission, le Conseil et la Cour de Justice obtiendraient le droit de faire appliquer le plafond de 3% du déficit et de 60% d’endettement. Les États soumis à la procédure en cas de déficit excessif devraient présenter à la Commission leurs budgets pour acceptation. La Commission obtiendrait le droit d’ingérence dans la politique des États incapables d’honorer leurs engagements. Les États qui violeraient de façon répétitive les principes verraient leur droit de vote suspendu.
Dès que le Conseil européen aura établi une fois pour toutes des principes nouveaux et sévères, La Banque centrale européenne devrait devenir une banque centrale véritable, prêteur en dernier recours, soutien de la crédibilité de toute la zone euro. La BCE devrait pouvoir agir rapidement, en avance sur les processus législatifs irréversibles.
Tout cela nous permettrait d’éviter la catastrophe, mais il faut plus que cela. Dès le début, la Pologne soutenait l’idée d’un nouveau traité, qui rendrait l’Union plus efficace.
La Commission européenne devrait être renforcée. Pour qu’elle puisse jouer son rôle de surveillant économique, ses commissaires doivent être d’authentiques meneurs, disposant d’autorité, de personnalité, voire de charisme pour devenir des réels porte-parole des intérêts européens communs. La Commission devrait être moins nombreuse pour être plus efficace. Chacun d’entre nous sait, pour avoir dirigé des réunions, que les plus efficaces ne rassemblent pas plus de douze personnes. La Commission se compose actuellement de 27 membres. Il faudrait introduire la rotation des États membres pour les postes de commissaires.
Plus nous confierons de pouvoir aux institutions européennes, plus elles devront acquérir de légitimité. L’application du droit draconien de surveillance des budgets nationaux ne peut se faire qu’en accord avec le Parlement européen.
Le Parlement doit défendre son rôle et ses fonctions. Les eurosceptiques ont raison de dire que l’Europe ne fonctionnera bien que lorsqu’elle sera transformée en un régime, une communauté à laquelle les citoyens vont s’identifier et vis-à-vis de laquelle ils seront loyaux. L’Italie a été créée, il nous faut encore créer les Italiens, disait Massimo d’Azeglio à la séance inaugurale du Parlement après l’unification du Royaume d’Italie au 19e siècle. Notre tâche est plus facile : nous avons une Europe unie. Nous avons des Européens. Mais ce qui nous reste à faire, c’est de donner à l’opinion publique européenne son expression politique. Pour y parvenir, certains membres du Parlement européen pourraient être élus sur une liste paneuropéenne de candidats. Il y a un besoin de « politische Bildung », de développer l’éducation politique des citoyens et des élites politiques. Le Parlement devrait avoir son siège dans un lieu unique.
Nous pourrions aussi fusionner les postes des Présidents du Conseil européen et de la Commission européenne. La chancelière Angela Merkel suggère même dans ce cas une élection directe par le peuple européen.
Il est important de préserver la cohérence de la zone euro avec l’ensemble de l’UE. Les institutions communautaires doivent garder leur caractère central. En tant que Présidence, nous veillons à notre unité. Or, l’unité ne peut être hypothétique. Il est insuffisant de dire que les États peuvent participer dès leur entrée dans la zone euro. Au lieu d’organiser des sommets séparés du groupe euro ou des rencontres limitées aux ministres des finances, nous pourrions appliquer la pratique d’autres forums de l’Union où tous peuvent participer, mais seuls les membres peuvent voter.
Plus nous attribuerons de pouvoir et de légitimité aux institutions fédérales, plus les États membres devraient être renforcés dans leur conviction que certaines prérogatives doivent rester pour toujours en leur pouvoir, comme celles concernant l’identité nationale, la religion, le style de vie, la morale publique ainsi que les taux de l’impôt sur le revenu et de la TVA. Notre unité ne souffrira pas des différences dans les horaires de travail ou dans les règlements de la vie familiale.
Ceci amène la question de savoir si État membre aussi important que la Grande-Bretagne peut soutenir la réforme. Vous avez donné à l’Union une langue commune. Le marché unique est dans une large mesure votre idée géniale. Une commissaire britannique dirige notre diplomatie. Vous pourriez diriger l’Europe dans les questions de défense. Vous constituez une liaison indispensable dans les relations transatlantiques. D’un autre côté, l’éclatement de la zone euro nuirait gravement à votre économie. De plus, l’endettement global de la Grande-Bretagne, y compris la dette publique, la dette des entreprises et celle des ménages dépasse les 400% du PIB. Êtes-vous sûrs que les marchés vous seront toujours favorables ? Nous préfèrerions vous voir dans la zone euro, mais si vous ne pouvez y accéder, laissez-nous poursuivre notre route. Je vous demande aussi de commencer à expliquer aux Britanniques que les décisions européennes ne sont pas des diktats de Bruxelles, mais sont issues d’accords auxquels vous participez de votre plein gré.
Quatrième question : Quel est l’apport de la Pologne ?
Aujourd’hui la Pologne n’est pas source de problèmes, mais de solutions européennes. Aujourd’hui, nous voulons et nous pouvons en apporter notre part. Nous apportons notre expérience récente de la transformation réussie, du passage de la dictature à la démocratie et de l’économie malade de dirigisme à une économie de marché de plus en plus efficace.
Nous y avons été aidés par nos amis et nos alliés : les États-unis, la Grande-Bretagne, la France et avant tout l’Allemagne. Nous sommes reconnaissants du soutien fort et généreux – de la solidarité – que l’Allemagne nous a offert au cours des vingt dernières années. Ich danke Ihnen als politiker und als Pole.
J’espère que vous reconnaissez vous-mêmes que c’était un bon investissement. En 2010 les exportations allemandes vers la Pologne ont été plus de neuf fois supérieures à celles de 1990 et continuent à augmenter malgré la crise. Vos échanges avec la Pologne sont supérieurs à ceux avec la Russie – même si ce n’est pas toujours apparent dans le discours politique allemand.
Depuis l’année dernière la Pologne est classée parmi les pays les plus développés dans l’Index de Développement Social. Dans la période 2007-2011 nous sommes montés de 10 places dans le classement de l’Index global de compétitivité : dans la même période nous avons amélioré notre classement de 20 places dans l’Index de la perception de la corruption, en dépassant plusieurs membres de la zone euro.
Au cours des quatre dernières années, la croissance cumulée du PIB polonais a atteint 15,4 %. Quel est le pays de l’UE qui a la deuxième place avec une croissance de 8% ? C’est un membre de la zone euro, la Slovaquie. Mais la moyenne de la zone euro est de moins 0,4%. Aussi, j’ai une proposition pour ceux qui voudraient diviser l’Europe : pourquoi ne pas la partager naturellement en deux ? L’Europe qui jouit de la croissance et celle où celle-ci est absente ? Mais je vous préviens que la carte de ces ensembles ne coïnciderait pas avec les stéréotypes.
Ce n’est pas arrivé tout seul. Les gouvernements successifs de la Pologne ont pris des décisions douloureuses et les Polonais ont consenti bien des sacrifices. La privatisation, la réforme des retraites, l’ouverture de la Pologne à la mondialisation – les uns ont su faire face, tandis que les autres en ont souffert. Nous étions parmi les premiers pays à instaurer la « règle d’or » de l’endettement.
Nous n’allons pas nous arrêter là. Lorsque le Premier ministre Donald Tusk présentait son gouvernement au Sejm il y a deux semaines, il disait : « Afin de traverser l'année 2012 sans danger, mais aussi pour créer les règles d’une évolution stable de la sécurité financière et d’une discipline financière pour les prochaines années et décennies, nous devrons prendre des mesures, y compris des actions impopulaires qui demanderont des sacrifices ainsi que la compréhension de tous sans exception ».
Dès l'année prochaine nous avons l'intention de limiter notre déficit du secteur des finances publiques au plafond de 3% et de réduire la dette publique à 52% du PIB. A la fin de 2015, nous voulons ramener le déficit à 1% du PIB et la dette publique à 47%. L’âge de la retraite sera porté à 67 ans pour les hommes comme pour les femmes. Les prestations de retraite des militaires, des policiers et des membres du clergé seront réduites. La cotisation de retraite sera relevée de 2%. Les prestations familiales seront transférées des plus riches aux plus pauvres.
A la fin du mandat de ce gouvernement, la Pologne répondra aux critères d'adhésion à la zone euro. Nous tenons à la pérennité et à l'épanouissement de cette zone à laquelle nous prévoyons d’adhérer.
En soutenant le Traité d'adhésion, les Polonais nous ont engagé à introduire leur pays dans la zone euro dès que celle-ci et nous-même y serons prêts.
La Pologne apporte également à l'Europe sa volonté d’obtenir des compromis – même pour une approche commune de la souveraineté – en échange d'une position équitable dans une Europe plus forte.
Cinquième question : Que demandons-nous aux Allemands ?
Premièrement, nous leur demandons d’admettre ouvertement qu'ils sont les plus grands bénéficiaires des accords existants et, par conséquent, qu'ils ont la plus grande part de responsabilité dans leur préservation.
Deuxièmement, vous savez parfaitement que vous n’êtes pas une victime innocente de la prodigalité des autres. Vous avez également rompu le pacte de stabilité et de croissance, et vos banques ont acheté de manière insouciante des obligations risquées.
Troisièmement, puisque les investisseurs vendent des obligations des pays les plus vulnérables et cherchent des investissements sûrs, vos coûts d'emprunt sont plus bas que dans une conjoncture normale, donc à court terme vous y gagnez, mais ...
Quatrièmement, si les économies de vos voisins ralentissent ou s’effondrent, vous en souffrirez aussi.
Cinquièmement, malgré son aversion compréhensible pour l'inflation, l'Allemagne devrait reconnaître que le risque de décomposition de la zone s’accroît actuellement.
Sixièmement, vu la taille et l'histoire de votre pays, vous avez une responsabilité particulière dans la protection de la paix et de la démocratie sur notre continent. Comme l’a judicieusement constaté Jürgen Habermas, «Si le projet européen échoue, la question se posera du temps nécessaire au retour au statu quo. Rappelons-nous la Révolution allemande de 1848 : après sa chute il a fallu cent ans pour atteindre le même niveau de démocratie».
Que puis-je considérer, en tant que Ministre des Affaires étrangères de la République de Pologne, comme la plus grande menace à la sécurité et la prospérité de l'Europe d'aujourd'hui, celle du 28 Novembre 2011? Ce n'est pas le terrorisme, ce ne sont pas les talibans, et ce ne sont certainement pas les chars allemands. Ce ne sont même pas les fusées russes dont le président Medvedev a brandi la menace en disant qu’il allait les déployer à la frontière de l'Union Européenne. La plus grande menace à la sécurité et à la prospérité de la Pologne serait bien l’effondrement de la zone euro.
Et je réclame de l'Allemagne – pour notre bien et pour le vôtre – son aide à la zone euro pour sa survie et sa prospérité. Vous savez bien que personne d'autre n'est en mesure de le faire. Je suis probablement le premier Ministre des Affaires étrangères de la République de Pologne à le dire : je commence à craindre la puissance de l’Allemagne moins que son inaction.
L’Allemagne est devenue une nation indispensable à Europe.
Vous ne pouvez pas vous permettre d'échapper à votre leadership. Vous ne devez pas dominer, mais vous devez mener les réformes.
Si vous nous impliquez dans le processus décisionnel, vous pouvez compter sur le soutien de la Pologne.
Les dangers des réformes retardées
J'ai commencé ce discours par une anecdote à propos d'une expérience de l'union politique de la Yougoslavie communiste.
Laissez-moi vous raconter à la fin une autre histoire. Il s'agit d’une fédération qui est la moins connue dans l’histoire de l’Europe, à savoir l'état commun créé par la Pologne et le Grand-duché de Lituanie en 1385. Il a duré plus de quatre siècles, plus que les fédérations telles que les États-Unis, le Royaume-Uni ou la République d'Allemagne, sans parler de l'Union européenne.
La République des Deux Nations fondée grâce à cette union a dépassé les standards d’autrefois, comme actuellement l’Union Européenne. En effet, elle avait un parlement commun et un chef d’État élu. Le groupe qui bénéficiait des droits politiques, c’est à dire les citoyens habilités à voter, représentait 10% de la population. C’était par conséquent le régime qui, à l’époque, garantissait la plus large participation politique. Par ailleurs, la tolérance religieuse a épargné au peuple les atrocités de la guerre de Trente Ans. Les villes étaient fondées en vertu des lois de Magdeburg et les origines de beaucoup d’entres elles, comme ma ville natale de Bydgoszcz, sont associées à des colons allemands. Les Juifs, les Arméniens et les dissidents de toute sorte convergeaient ici en grand nombre de toute l’Europe pour tenter leur chance.
La liberté et la puissance militaire allaient de pair. En 1410, l'armée de ce pays a écrasé les chevaliers Teutoniques, dont les symboles héraldiques existent encore dans l'armée allemande. En 1683, nous avons arrêté aux portes de Vienne l’Empire ottoman dans ses plans d'unification de l'Europe sous la bannière de l'islam.
Toutefois, au tournant du 17e et du 18e siècle, quelque chose a changé. Les rois élus, les armées disparates et les monnaies indépendantes n'avaient aucune chance dans un monde d'États nations unifiés, autoritaires et mercantiles. La caractéristique la plus démocratique – la possibilité de bloquer le processus législatif par un seul député – est devenue la plus grande faiblesse de la République. Le principe de l’unanimité, dont l’adoption dans un état fédéral mérite en soi l’admiration, a favorisé la corruption et le manque de responsabilité.
La Pologne a réussi enfin à se réformer. La constitution adoptée le 3 mai 1791 a aboli le principe de l'unanimité, unifié l’État et créé un gouvernement stable. Néanmoins, ces réformes ont été introduites trop tard. Nous avons perdu la guerre pour la défense de la constitution et, à la suite de la partition de 1795, la Pologne a disparu de la carte du monde pour plus de cent ans.
Quelle est la morale de cette histoire? Il ne faut pas rester inerte quand le monde change et quand de nouveaux concurrents apparaissent. Il ne suffit pas de s'appuyer sur les institutions et les procédures qui ont bien fonctionné dans le passé. Les changements progressifs ne suffisent pas. Même le maintien de la position acquise dépend de la prise de décisions rapides.
Je considère que nous avons le devoir d’épargner à notre merveilleuse union le sort qui a frappé la Yougoslavie, et jadis la République de Deux Nations.
Conclusion
Notre déclin n'est pas une fatalité. Si nous surmontons les difficultés actuelles, nous pouvons encore émerveiller le monde avec nos réalisations et notre force.
Nous ne sommes pas seulement la plus grande économie mondiale, mais aussi la plus grande zone de paix, de démocratie et de droits de l’homme. Nous sommes une source d'inspiration pour les nations vivant à nos côtés à la fois à l'Est et au Sud. Si nous mettons nos affaires en ordre, nous pouvons devenir une véritable superpuissance. Dans le cadre d'un partenariat égal avec les États-unis nous maintiendrons la force, la prospérité et le leadership de l'Occident.
Actuellement, nous sommes au bord du gouffre. C'est le moment le plus effrayant de ma carrière ministérielle, mais aussi le plus sublime. Les générations futures nous jugeront par nos actions ou par leur absence, que nous parvenions à créer les fondements d’une puissance pour les décennies à venir ou que nous esquivions nos responsabilités et acceptions notre déclin.
En tant que Polonais et en tant qu’Européen, j’affirme ici à Berlin: il faut agir maintenant.

13 mars 2012

Observatoire de l'Europe

Observatoire de l’Europe 8 mars 2012
Eclaircie sur la finance, drame grec, nuages sur la Hongrie, guerre civile en Syrie

Le nouveau traité destiné à renforcer la discipline budgétaire a été exigé par l’Allemagne comme prix de sa solidarité. Il entrera en vigueur dès qu’il aura été ratifié par 12 Etats, membres ou non de la zone euro. RU et République tchèque ont annoncé qu’elles se tiendraient à l’écart. La ratification de l’Irlande sera soumise aux aléas d’un référendum. L’objet du traité est, pour l’essentiel, de solenniser des engagements déjà pris. Un autre traité a pour objet la création du Mécanisme Européen de Stabilité doté au départ de 500 milliards d’euros, destiné à se substituer, à terme, au Fonds de stabilité créé dans l’urgence. Seuls les Etats dont la monnaie est l’euro et qui auront ratifié le traité de discipline budgétaire pourront bénéficier du MES.
Parallèlement à ces mesures, l’action anticrise la plus décisive est l’ouverture aux banques par la BCE de crédits quasi-illimités et très bon marché. Deux émissions successives de chacune plus de 500 milliards d’euros ont déjà été ouvertes. Elles compensent dans une certaine mesure l’abandon par les banques des trois quarts de leurs créances sur la Grèce qui recevra par ailleurs un nouveau prêt de 130 milliards en contrepartie d’un plan d’austérité particulièrement sévère.
L’allègement des tensions spéculatives qui est le résultat de l’ensemble de ces décisions ne permet pas de conclure que la crise soit terminée. Plusieurs incertitudes subsistent. On voit mal comment la Grèce pourra retrouver le chemin de la croissance. Nombre d’économistes doutent du bien fondé de politiques restrictives conduites simultanément dans tous les pays. L’Espagne de Rajoy vient d’annoncer qu’elle ne pourrait tenir son programme de réduction du déficit. Une relance par des investissements (réseaux transeuropéens, croissance verte) qui seraient financés par le recours à la capacité d’emprunt de l’Union serait plus facile à justifier si les Etats surendettés se montraient capables de réduire leurs dépenses courantes.
Porter un jugement équilibré sur le sort réservé à la Grèce n’est pas facile. Les folies grecques sont maintenant bien connues. Mais il faut mettre en balance les responsabilités des gouvernements qui ont longtemps refusé de laisser la Commission enquêter sur place. Du point de vue de la pédagogie politique, le résultat est désastreux. Le peuple grec subit une punition qu’il ressent comme injuste et imposée de l’extérieur. Les contribuables européens et tout particulièrement les Allemands se jugent victimes d’une extorsion de fonds. Loin d’attribuer à l’UE le mérite d’avoir évité le pire, les uns et les autres la vouent aux gémonies ! On mesure à quel point manque une grande voix capable de dire la vérité au nom de l’Europe. Ni Barroso, ni van Rompuy, dont le renouvellement du mandat est passé inaperçu, ne sont en mesure de jouer ce rôle.

L’Europe sortira de la crise renforcée par la discipline budgétaire et l’organisation de la solidarité. Mais l’avenir de l’Union demeure incertain. Son budget commun demeure dérisoire et dépourvu de vraies ressources propres, sa capacité d’emprunt inutilisée. Tout en rappelant que la solidarité ne saurait être sans limites, des voix allemandes se prononcent en faveur d’un avenir fédéraliste. Ainsi, la Chancelière envisage, à terme, l’élection du président de la Commission au suffrage universel, alors que le président Sarkozy s’en tient au refus de d’un Exécutif politique supranational d’autant plus qualifié de bureaucratique qu’on se refuse à envisager sa démocratisation. Pendant ce temps, le nouveau traité, qui échappe à l’exigence de ratifications unanimes, confirme la division de l’Union en différents niveaux et accentue la marginalisation du Royaume-Uni. Le silence des candidats à l’élection présidentielle sur ces questions est assourdissant.

Inquiétudes sur la Hongrie

La politique du gouvernement Orban fait peser de sérieuses menaces sur l’indépendance de la Justice et des médias, tout comme sur celle de la Banque centrale. Ainsi se trouve posée la mise en œuvre éventuelle de l’article 7 du traité de Lisbonne visant l’existence d’un risque clair de violation grave par un Etat membre des valeurs sur lesquelles est fondée l’UE. Victor Orban s’est expliqué devant le Parlement. Les réponses aux questions qui lui ont été posées par la Commission ont paru insuffisantes à la majorité des groupes mais Orban bénéficie du soutien du groupe PPE auquel appartient son parti. La nécessité où se trouve la Hongrie de faire appel à l’appui de l’UE et du FMI donne aux autorités de l’Union un moyen de pression qui devrait permettre d’éviter le recours aux sanctions de l’article 7 qui peuvent aller jusqu’à la suspension du droit de vote. Cette affaire a le mérite de rappeler que l’UE n’est pas seulement une union d’intérêts matériels.

Les leçons de la crise syrienne

Le veto russe et chinois contre toute résolution du Conseil de Sécurité condamnant les atrocités syriennes crée une nouvelle tension qui rappelle le temps de la guerre froide. Poutine justifie son attitude par l’interprétation, selon lui abusive, donnée par les Occidentaux à la résolution autorisant la protection des populations en Libye. Il est cependant embarrassé par la condamnation sans équivoque du régime syrien par la Ligue arabe. Une autre constatation s’impose à propos de cette affaire qui est rarement soulignée : l’inexistence d’une solidarité des démocraties du Nord et du Sud face à des violations massives des droits humains fondamentaux. Cette affaire, comme celle de l’Afghanistan, n’est pas sans rapport avec l’avenir de l’Alliance atlantique. Le temps n’est plus où l’ordre mondial pouvait reposer sur les seuls Occidentaux.

05 mars 2012

Les Etats Généraux de l'Europe

Paris, 5 mars 2012

La 4ème édition des EGE se tient samedi prochain 10 mars à Sciences Po Paris, à l’initiative d’Europanova et du Mouvement européen. J’y présenterai, au nom d’ARRI, l’exposé introductif aux débats de l’un des Ateliers, celui ayant pour objet « Quelle place pour l’Europe dans le monde ? ». Ci-dessous le schéma de cet exposé.

Unie, l’Europe pourrait être une puissance mondiale. Son élargissement n’a pu qu’accentuer la divergence qui a toujours existé entre diverses visions du projet européen. La création par le traité de Lisbonne d’un service diplomatique commun devrait être un pas en direction d’une Europe plus cohérente. A-t-il permis de rapprocher les positions des diplomaties nationales sur les principales questions à l’ordre du jour ? Quels obstacles ? Comment les surmonter ?
Les progrès en direction d’une défense commune semblent dans l’impasse malgré ou à cause de l’accord bilatéral franco-britannique de 2010. Les budgets militaires sont en baisse. La dispersion des programmes coûte cher. L’Agence européenne de défense n’a pas de budget.
La crise financière est un autre facteur d’affaiblissement, les Européens étant suspectés de réaction tardive et insuffisante.
Concernant même le défi climatique, l’UE a bien de la peine à conserver le leadership qu’elle a un moment exercé.
Ainsi la force principale de l’Europe, plus que dans sa puissance économique ou militaire, pourrait être dans le témoignage qu’elle offre de démocratie et de réconciliation entre anciens ennemis. C’est sur cette base plutôt que sur celle des rapports de puissance que l’Europe peut prétendre exercer une influence positive dans le monde. Le printemps arabe a révélé la force, trop souvent sous-estimée, de l’idée démocratique. Les réactions provoquées par l’intervention en Libye ont aussi montré la persistance d’une méfiance envers « l’Occident » dans de nombreux pays. La difficulté de mobiliser les grandes démocraties du Sud contre les atrocités de Bachar el-Assad est, à cet égard, significative. Elle me conduit à poser une question insolite. L’avenir de l’Alliance atlantique ne serait-il pas d’organiser la solidarité des démocraties au-delà de l’espace nord-atlantique ? Une Europe qui serait unie, au moins sur cet objectif, ne pourrait-elle exercer une influence sur la politique des Etats-Unis au-delà de l’espace couvert par l’Alliance ?
L’influence que pourrait exercer l’UE en faveur d’un meilleur ordre mondial, est affectée par un double éclatement : celui de sa représentation dans les instances internationales et celui de ses institutions affaiblies par la multiplication des présidences. Si utile qu’il ait été en temps de crise, le leadership germano-français ne saurait pallier, dans le long terme, la faiblesse d’institutions européennes affectées à la fois par une légitimité démocratique mal assurée et par une adaptation insuffisante à l’élargissement de l’Union. Notre partenaire allemand ne cesse de nous le rappeler, peut-être pour faire oublier sa prudence budgétaire. On aimerait une réponse claire des candidats à l’élection présidentielle peu prolixes sur ce que pourrait être une union politique européenne qui soit en mesure d’apporter sa contribution aux grands défis mondiaux.