23 juillet 2008

Bruxelles bouc émissaire, ça continue de plus belle.

Platier, 23 juillet. Bien que nombre de nos dirigeants reconnaissent l’effet dévastateur sur l’opinion de la pratique consistant à utiliser « Bruxelles » comme bouc émissaire, cette pratique se poursuit de plus belle, dans les déclarations gouvernementales et dans les médias sous influence. La Commission veut la mort des pêcheurs, alors qu’elle suit les avis des scientifiques sur la menace de disparition de la ressource et s’oppose à une forme de subvention illégale au regard du droit de la concurrence. Idem pour la TVA sur le pétrole, alors que le gouvernement peut abaisser la TIPP ou consentir des aides sociales aux catégories victimes de la hausse des carburants. Quant à la TVA sur les restaurants, est-ce raisonnable de se priver d’une recette de plusieurs milliards dans l’état de déficit de nos finances publiques ?

20 juillet 2008

L'émiettement conduit au directoire

Platier, 20 juillet. Une rumeur inquiétante voudrait que, pour les amadouer, on promette aux Irlandais qu’ils auront toujours leur commissaire. La formule du traité constitutionnel, reprise dans le traité de Lisbonne, celui de la rotation égalitaire, était mauvaise. Revenir à la règle d’un commissaire par Etat serait pire. Elle encouragerait la partition, l’éclatement. Imagine-t-on une Commission où l’ancienne Yougoslavie disposerait de six ou sept commissaires ? Pourquoi pas deux commissaires belges, un Flamand et un Wallon ? Les petits pays ne se rendent pas compte qu’en exigeant d’être « représentés » dans la Commission, ils affaiblissent l’institution qui les protège contre la tentation des grands de constituer un directoire des puissants, qui conduirait bientôt à l’éclatement de l’Union. La seule solution compatible avec l’adhésion programmée des pays balkaniques non encore membres est de confier la composition de la Commission à son président, sur le seul critère de la compétence et sans autre contrainte que celle de ne pas nommer plus de deux commissaires de la même nationalité. Il appartiendra au président de composer un collège équilibré susceptible de recueillir l’approbation du Parlement et du Conseil européen.

17 juillet 2008

Un succès qui revient de loin

Platier, 13 juillet. La réunion à Paris de tous les leaders arabes riverains ou proches de la Méditerranée, à la seule exception de Khadafi, des premiers ministres turc et israélien et des 27 de l’UE, est en elle-même un incontestable succès. Succès d’autant plus remarquable qu’il revient de très loin ! Trois erreurs majeures avaient été commises dans le lancement du projet, sous l’influence du souverainiste Henri Guaino. Présenter ce projet comme celui d’une Union méditerranéenne calquée sur le modèle de l’UE, en exclure les Etats européens non riverains, ignorer le processus de Barcelone tout en prétendant utiliser les crédits prévus dans ce cadre. Voilà qui augurait mal de l’avenir d’un projet lancé, de surcroît, sans consultation préalable au mépris de nos engagements franco-allemands et européens. Le mérite d’Angela Merkel fut de s’opposer à une initiative qui, ignorait, au départ, la politique étrangère et de voisinage de l’Europe et le processus de Barcelone, celui de Jean-Pierre Jouyet de convaincre Nicolas Sarkozy de se replier, non pas comme on le dit à tort sur un projet moins ambitieux, mais sur le seul projet susceptible de rassembler les Méditerranéens sans diviser les Européens et de bénéficier des acquis de Barcelone.
Le plus, par rapport à Barcelone, est le caractère paritaire de la nouvelle structure. A vrai dire cette parité demeurera précaire et artificielle tant qu’aux 27 de l’UE feront face seize pays divisés et parfois en état de conflit permanent, et pas seulement au Moyen-Orient. Ces conflits sont autant d’obstacles à surmonter pour assurer l’avenir de la nouvelle union et pour justifier son nom. Puisse-t-elle aussi contribuer, comme l’a fait avec succès l’UE, à répandre l’état de droit et, si possible, la démocratie et le respect des droits humains, y compris la liberté de religion, dans des pays qui en sont encore, pour la plupart bien éloignés. Quoi qu’il en soit, une différence majeure différenciera l’Union pour la Méditerranée de l’Union européenne : la libre circulation des personnes, objectif de la première, pomme de discorde pour la seconde.
J’apprends à l’instant l’accident mortel dont Bronislaw Geremek vient d’être victime. Il était, avec Vaçlav Havel, la plus grande figure d’Européen venue des nations-soeurs enfin libérées. Comme Havel, il ne séparait pas le combat pour la liberté du combat pour l’Europe. Il avait été récemment appelé à la présidence de la Fondation Jean Monnet qui conserve à Lausanne les archives du Père de l’Europe.
Le retard de la diffusion de ce message est dû à une panne que je vous prie d’excuser.

09 juillet 2008

L'Europe et l'arrogance chinoise

Platier, 9 juillet. Il est satisfaisant que la décision du président Sarkozy d’assister à la séance d’ouverture des Jeux olympiques ait été prise avec l’accord de ses collègues. Il l’est moins qu’elle coïncide avec les menaces proférées par l’ambassadeur de Chine en France dans le cas où le Président recevrait le Dalaï Lama. Cette affaire apporte une nouvelle démonstration de l’urgence d’une attitude commune des Européens à l’égard d’une Chine de plus en plus arrogante.

07 juillet 2008

De nouveau la BCE bouc émissaire

Platier, 7 juillet. Le président de la République a cru bon de critiquer, certes modérément, la nouvelle hausse des taux annoncée par la Banque centrale européenne. Or la faiblesse des réactions de l’Europe face aux menaces que les crises bancaires et pétrolières font peser sur la croissance est d’abord le résultat du refus des gouvernements d’utiliser la capacité d’action de l’Union, notamment sa capacité d’emprunt qui est potentiellement considérable. L’endettement excessif de plusieurs Etats membres, dont la France, est le principal argument des adversaires d’un endettement de l’Union. En effet, une politique anti-crise cohérente consisterait en un effort de désendettement des Etats qui serait facilité par le relais d’un budget communautaire prenant en charge une part significative des investissements d’avenir, notamment dans les économies d’énergies, les énergies renouvelables, la recherche, l’innovation, la création de centres d’excellence universitaires. La fonction de l’Europe n’est pas seulement d’être protectrice. Elle est aussi, elle devrait être de préparer l’avenir.